Classique

Le Moulin sur la Floss de George Eliot

Note : ★★★★☆ — « Avec Le Moulin sur la Floss j’ai passé un très doux et agréable moment de lecture en compagnie de personnages attachants, aux sentiments pures et sincères. George Eliot n’hésite pas à écorcher et à mettre à nu ces derniers afin d’offrir à son lectorat un hymne à l’amour dans toutes ses formes d’une magnifique douceur et mélancolie. »


Nous ne demandons pas ce qu’une femme fait, nous demandons à qui elle appartient.

Résumé :
Ce sommet de l’histoire du roman anglais (qui en compte d’ailleurs beaucoup) date de 1860. Le thème principal en est l’amour tragique entre un frère et une soeur, qui se brouillent de longues années pour se réconcilier dans la mort. Entre-temps, la jeune fille a été amoureuse d’un infirme, puis du fiancé de sa cousine : mal lui en prendra.
Le meilleur du livre est dans la peinture poétique de l’existence quotidienne la plus humble, dans « le sentiment de la question mystérieuse de la vie humaine et de la vie de la nature, des mystères sublimes auxquels nous participons en le sachant aussi peu que la fleur qui pousse » (Marcel Proust). On aimera ainsi « la nouveauté des images venant d’une vue tendre et neuve des choses ».

Chronique :
C’est avec Middlemarch que j’ai fait la découverte de George Eliot. J’avais fortement apprécié cette lecture grâce à son héroïne assez anticonformiste – aux idées et au caractère bien arrêtés ainsi qu’à l’altruisme et la bonté sincères et profonds – et je dois dire que si j’ai aimé découvrir cette œuvre c’est à nouveau grâce à Maggie, cette nouvelle héroïne à l’amour pur et inconditionnel que cette dernière porte à son frère ainsi qu’à sa famille.

J’ai vraiment été touché et subjugué par l’incroyable et importante dimension sentimentale conférée à l’œuvre de George Eliot. Le Moulin sur la Floss est une véritable hymne et ode à l’amour dans son plus simple appareil et dans toutes ses formes. Cette dernière le sublime et l’affute autant qu’elle le déprave et l’abaisse. J’ai vraiment trouvé fascinante cette juste et nuancée analyse des relations réalisée au cours de ce long et beau roman. Et bien qu’il est avant tout question d’amour fraternel, j’ai apprécié que l’auteure dévoile d’autres de ses formes le concernant tels que celui maternel par exemple. La force des sentiments de notre héroïne est vraiment palpable et offre une dimension puissante à cette œuvre et ce jusqu’à la dernière page qui m’a laissé sans voix. Ainsi, j’ai vraiment pris plaisir à suivre la relation intime et étroite qu’entretiennent Maggie et Tom. Faisant moi-même partie d’une fratrie, je me suis très souvent identifié à chacun d’eux ce qui m’a permis de très vite m’attacher à ce duo qui semble autant s’adorer que se détester. Les relations fraternelles sont bien souvent houleuses mais se dévoilent aussi les plus sincères, ce que George Eliot est parvenue avec force et brio à retranscrire avec cet étrange sentiment de ‘je t’aime moi non plus’.

Il faut dire que nos deux héros devront traverser énormément de crises et même si certains sujets ne sont plus vraiment d’actualité, d’autres – comme le décès d’un parent – le sont encore fortement. Cela permet à cette œuvre de ne pas souffrir de son vieillissement et de lui apporter un certain pan fortement initiatique. Grâce à la douceur de sa plume et la beauté de son style, l’auteure dévoile cette initiation avec acrimonie et affection. Bien entendu et malgré toute la bienveillance de ce dernier, Le Moulin sur La Floss se dévoile mélancolique et un fort élan d’amertume rythme ce dernier. Cette ambiance cafardeuse offre un contraste vivement éloquent que j’ai totalement adoré et qui colle parfaitement à l’atmosphère que je me suis fait des lieux dévoilés. Sans pour autant être expert comme peut l’être celui de Thomas Hardy, le style de George Eliot se démontre vivement visuel et je n’ai eu aucune difficulté à m’évader aux abords de ce moulin ou dans les autres lieux dévoilés. Cependant et malgré la très belle impression que me fait cette histoire, je dois bien reconnaître quelques longueurs et autres redondances qui sont parfois venus alourdir ma lecture. Sans pour autant être un réel pavé, ce livre est assez dense et certaines parties manquaient réellement d’intérêt et d’utilité à l’avancée de l’intrigue.

Néanmoins et avec Le Moulin sur la Floss j’ai passé un très doux et agréable moment de lecture en compagnie de personnages attachants, aux sentiments pures et sincères. George Eliot n’hésite pas à écorcher et à mettre à nu ces derniers afin d’offrir à son lectorat un hymne à l’amour dans toutes ses formes d’une magnifique douceur et mélancolie.

6 commentaires sur “Le Moulin sur la Floss de George Eliot

    1. J’ai vraiment apprécié comment l’auteure traitait les sentiments amoureux de ses protagonistes. J’aime vraiment sa plume malgré quelques longueurs ici et là. Désolé pour ton WL mais c’est tout le plaisir d’en tenir une que de l’observer s’agrandir 😉

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  1. En dépit des quelques longueurs, le roman semble offrir une atmosphère puissante tout en dévoilant un portrait saisissant des différentes formes d’amour, dont l’amour fraternel souvent absent de la littérature…

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    1. C’est exactement ça, j’ai vraiment aimé comment George Eliot met en valeur les liens puissants et intimes que peuvent exister entre frères et sœurs. Le tout baigné d’une ambiance mélancolique, douce et poétique à découvrir !

      Aimé par 1 personne

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