Fantasy·Mythe/mythologie

Le Chien du Forgeron de Camille Leboulanger

Note : ★★★★★ — « Aussi passionnant historiquement que mystiquement, Le Chien du Forgeron se dévoile une captivante et éloquente revisite du mythe celtique immersif et addictif au possible. Grâce au savoureux talent de conteur de Camille Leboulanger, j’ai eu l’honneur de découvrir un univers aussi riche que complexe et aussi envoûtant que violent. Amateurs de mythologie, nocives ou aguerris, ce récit est pour vous et j’encourage quiconque à découvrir cette divine œuvre. »


Résumé :
Approchez, approchez ! Alors que tombe la nuit froide, laissez moi vous divertir avec l’histoire de Cuchulainn, celui que l’on nomme le Chien du Forgeron ; celui qui s’est rendu dans l’Autre Monde plus de fois qu’on ne peut le compter sur les doigts d’une main, celui qui a repoussé à lui seul l’armée du Connacht et accompli trop d’exploits pour qu’on les dénombre tous.
Certains pensent sans doute déjà tout connaître du Chien, mais l’histoire que je m’apprête à vous narrer n’est pas celle que chantent les bardes. Elle n’est pas celle que l’on se raconte l’hiver au coin du feu. J’en vois parmi vous qui chuchotent, qui hésitent, qui pensent que je cherche à écorner l’image d’un grand homme. Pourtant vous entendrez ce soir l’histoire du Chien. L’histoire derrière la légende. L’homme derrière le mythe.
Approchez, approchez ! Venez écouter le dernier récit d’un homme qui parle trop…

Chronique :
De mon voyage scolaire en terre celtique et plus précisément en Irlande, je détiens encore un vif souvenir du folklore et de l’ambiance saisissante et emblématique de cette contrée. Pour autant et ne m’intéressant guère à la mythologie à l’époque, je n’ai retenu aucune connaissance quand à celle irlandaise et celtique. C’est pourquoi, ce roman m’a de suite faire l’œil lors de sa parution et je suis ravi de sa sortie au format poche qui m’a permis de rencontrer, en compagnie de ma chère acolyte Tachan – dont voici l’avis – un conteur hors pair.

Indéniablement, Camille Leboulanger et, à l’aide de son mystérieux et secret narrateur, revisite avec une véritable et franche réussite le mythe du héros – pas toujours si héroïque – qu’est le complexe et passionnant Cuchulainn. Je ne m’attendais nullement à faire face à un récit aussi captivant et étayé malgré une densité moindre et cette incursion dans l’univers celtique irlandais se joint à merveille à ma lecture en cours de l’essai dédié à ces mythes et légendes et ayant servi de support à l’auteur, Mythologie du monde Celte de Claude Sterckx. Néanmoins, cette lecture n’aurait pu être aussi vive et percurtante sans la savoureuse plume de celui-ci. Sans détour ni tabou et avec une efficacité redoutable, ce dernier offre un récit des plus immergeant qui soit et j’ai ressenti la constante l’impression de faire partie de l’assemblée à laquelle cette tradition orale était destinée. En ce sens, ce récit m’a fait vivre de vives et fortes émotions et j’ai vibré au rythme de cette violente et parfois sinistre légende récitée par moments avec poésie et lyrisme. Nul doute que la contré d’Ulster n’était pas seulement qu’un havre de paix lorsque l’on découvre et suit la mystérieuse naissance et la savoureuse évolution de Cuchulainn, appelé aussi le Chien, ce personnage aussi complexe qu’emblématique.

Étonnamment, je ne peux affirmer avoir totalement apprécié cette figure majeure de la mythologie celtique même si j’ai adoré la découvrir dans son intégralité. J’ai été saisi par l’importante complexité mais aussi l’importante profondeur présentes dans la construction de ce brave héros. Ainsi et qu’on adhère ou pas à la psychologie ou au caractère bien trempés de ce quasi dieu, nul doute que celui-ci ne vous laissera pas indifférent tant le Chien s’éloigne du schéma manichéen du bon ou mauvais protagoniste et se révèle un savoureux mélange de nombreuses polarités. Je n’ai d’ailleurs guère réussi à me représenter ce personnage tant je m’imaginais à la fois un jeune homme fort et courageux ainsi qu’à l’inverse, une créature austère mi bête mi humaine. Il faut dire que Camille Leboulanger idéalise nullement son personnage et encore moins l’univers revisité et dévoilé.

Ainsi et en très peu de chapitres seulement, une certaine violence ne cesse d’émaner de sa brutale œuvre et cette dernière s’intensifie au rythme de son intrigue. Il est de même quant à la tension permanente de ce roman. C’est pourquoi, les derniers chapitres débordent de combats physiques mais aussi moraux et offrent une finalité frappante et saisissante. En effet bien qu’inlassablement parsemé de batailles et autres offensives, Le Chien du Forgeron met fidèlement en avant certaines difficultés sociales et notamment la place de la femme en ces siècles précédents. Celles-ci et sans misogynie aucune de la part de l’auteur sont bien souvent reléguées aux rôles de génitrices potentielles. Par conséquent, j’ai été ravi de rencontrer certaines des célèbres femmes et déesses de la mythologie celtique. Grâce à l’apparition de ces trois fortes femmes dont je tairais les noms, Camille Leboulanger met à l’honneur le symbolisme païen et/ou ésotérique que j’apprécie tant et qui m’anime ces derniers mois. Qu’il m’a été plaisant et enivrant de retrouver par exemple le symbole de la triple lune mais aussi les différents sabbats composant la roue de l’Année, le célèbre calendrier de l’ancien monde celtique tels que Samhain, par exemple. Ces différents choix renforcent l’ambiance mystique de cette œuvre et démontre tout le travail de recherche qu’à méticuleusement réaliser ce dernier.

Ainsi et aussi passionnant historiquement que mystiquement, Le Chien du Forgeron se dévoile une captivante et éloquente revisite du mythe celtique immersif et addictif au possible. Grâce au savoureux talent de conteur de Camille Leboulanger, j’ai eu l’honneur de découvrir un univers aussi riche que complexe et aussi envoûtant que violent. Amateurs de mythologie, nocives ou aguerris, ce récit est pour vous et j’encourage quiconque à découvrir cette divine œuvre.

Cette lecture a été réalisée à l’occasion du Pumpkin Autumn Challenge – 2022 : Menu Automne de l’étrange – La cueillette des champignons.

38 commentaires sur “Le Chien du Forgeron de Camille Leboulanger

  1. C’est chouette qu’il soit sorti en format poche, il faut que je me le procure, et ton retour me confirme que c’est une œuvre à découvrir absolument !

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  2. Il me fait de l’œil depuis sa sortie, l’auteur avait su m’emmener avec lui dans un de ses précédents romans (Malboire) et logé un vif souvenir dans mon esprit de lectrice.

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  3. Je ne suis pas très édition de poche, en grande myope que je suis, mais j’aime beaucoup le visuel de cette couverture.
    Le roman avait attiré mon attention comme (beaucoup) d’autres, mais je suis dorénavant très attirée par la complexité du protagoniste étant de moins en moins satisfaite à ce niveau dans mes lectures. Retrouver du symbolisme païen me plaît aussi beaucoup…

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    1. Je peux comprendre même si je trouve que l’éditeur offre un certain confort de lecture. Cela dit et quand bien même cette merveilleuse couverture, j’appréciais également celle du grand format.

      Si tu recherches un personnage à la fois héros et antihéros, tu seras servie tout comme les coutumes païennes parfaitement représentées.

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  4. Je me le note définitivement. Ton avis me conforte dans ce livre, adorant la mythologie celtique. J’ai grandi avec certaines de ces histoires, en tant que bretonne.

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  5. J’avais vu ce roman dans la sélection de la dernière masse critique Babelio en date, et j’ai bien failli le mettre dans ma sélection, mais j’avoue que le résumé m’a fait un peu peur. Assez mystique, sombre… Seulement, ton avis me donne envie de franchir le pas ! A voir si j’en ai l’occasion ! 😀

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    1. Ah, c’est dommage car je suis certain que cette incursion dans la mythologie celtique te plaira à coup sûr ! Je suis ravi de voir que tu as changé d’avis et je suis aussi sûr que cette occasion se placera sur ta route 🙂

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  6. Quelle belle chronique !
    Tu fais oeuvre également de ta plus belle plume pour évoquer cette lecture marquante.
    Je me retrouve énormément dans tes sentiments sur ce personnage et son univers. J’ai effectivement pensé à toi quand les 3 déesses sont arrivées. C’était l’apothéose pour moi et un juste retour.
    Je t’envie énormément ce voyage que tu as fait dans ces contrées qui a dû donner un sentiment très particulier à ta lecture.
    En tout cas LC 100% validée 😉

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    1. Merci à toi pour ce doux compliment même si je ne doute nullement que tu sauras, à ton tour, sublimer cette merveilleuse lecture que nous avons partagé.
      Quand j’ai découvert ces apparitions, j’ai de suite pensé à ton message et j’ai ressenti exactement la même chose !

      De mon côté, c’est avec plaisir que je réitérais l’exercice en ta compagnie.

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  7. J’attendais ce billet avec impatience 🙂 Je suis d’autant plus déçue de ne pas avoir été retenue pour lire ce roman lors de la dernière Masse critique…
    Mais il est dans ma WL et j’espère bientôt dans ma PAL 🙂

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      1. Ce n’est pas comme si je risquais de manquer de lectures d’ici là, mais c’est sûr que celui-ci ne traînera pas longtemps dans ma PAL une fois qu’il y sera ^^

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