Mythe/mythologie

Nous, Filles de Sparte de Claire Heywood

Note : ★★★★★ — « J’ai passé un merveilleux moment en compagnie de la plume de Claire Heywood qui donne la parole à deux figures mythologiques à la richesse psychologique passionnante et captivante à découvrir. A travers ses héroïnes, cette dernière élève la voix de femmes fortes et combatives, piégées entre hommes et dieux qui, finalement, ne rêvaient que d’amour et de liberté et non de violence et autres conflits qui n’auront d’autres choix que de faire face aux conséquences de leurs choix. »


Deux sœurs séparées. Une passion interdite. La guerre de Troie sous le regard des femmes.

Résumé :
D’une beauté inégalée et de naissance divine, Hélène et Klytemnestre suscitent l’admiration de toute la Grèce. Les deux jeunes princesses de Sparte profitent d’une existence dorée de luxe et d’abondance. Mais un tel privilège a un prix : jamais elles ne pourront être maîtresses de leurs destins. Elles ne sont encore que des enfants lorsqu’elles sont séparées et mariées aux légendaires rois Agamemnon et Ménélas. Les deux sœurs ne se reverront jamais. Leur devoir est maintenant de donner naissance à des héritiers et d’assumer leur rôle de reines douces et soumises. Mais lorsque le poids de la cruauté et de l’ambition de leurs maris devient trop lourd à porter, elles doivent aller au-delà de leur condition et se rebeller. Leurs décisions font basculer le cours de l’histoire et, trois mille ans plus tard, l’écho de leurs voix résonne encore, au nom de toutes les femmes. Puissantes et libres.

Chronique :
Nul doute que la mythologie grecque et ses nombreuses figures ont le vent en poupe ces dernières années et ce, bien davantage encore depuis les œuvres de Madeline Miller, dont ma poétique lecture de Le Chant d’Achille s’est révélée un coup de cœur. Depuis, j’ai aussi découvert les écrits de Pat Barker avec sa série dédiées aux Femmes de Troie et c’est avec un intérêt certain et assuré que je me suis plongé dans cette nouvelle parution, laissant la parole à deux femmes mythiques, endurant à leurs tours de nombreux combats.

C’est pourquoi et autant le dire dès maintenant, quand bien même la plume de Claire Heywood n’est nullement aussi raffinée que ses consœurs, cette dernière ne s’en dévoile pas moins passionnante et captivante à parcourir. Sans lyrisme mais avec réalisme, rythme et efficacité, cette dernière m’a emporté au cœur d’importantes destinées, portées par deux touchantes et attachantes femmes prêtes à tout pour assurer la survie de leurs proches et s’assurer un avenir décent au sein d’un univers dominé par les hommes et les Dieux bien souvent aussi séduisants que violents. Ainsi, j’ai adoré faire la connaissance et suivre l’évolution de Klytemnestre et celle de sa sœur Hélène, dont la conception reste énigmatique. Ces deux jeunes princesses prises aux pièges dans une guerre de clan n’ont que d’autres destinées que d’assurer la paix et la prospérité de leur royaume en échange de leurs indépendances ainsi que de leurs libertés. Séparées contre leurs grès et mariées aux valeureux rois et frères que sont les puissants Agamemnon et Ménélas, ces dernières découvriront le sacrifice d’une vie mais aussi le pouvoir et les risques de l’amour en son tout. En effet, l’amour, la passion et les sentiments sont les poumons de ce récit à la fois mystique, de guerre et d’aventure et j’ai été sensible aux délicats sentiments et autres émotions mis en lumières avec affectivité par l’auteure. Qu’il s’agisse de l’amour maternel, conjugal ou bien encore charnel, celui-ci se dévoile sublimé à travers ces attachantes et touchantes héroïnes responsables de bien des maux, en particulier à l’origine de la guerre de Troie, ainsi qu’à travers la douce et éloquente plume de Claire Heywood.

Ne connaissant d’ailleurs nullement l’origine de ce conflit et j’ai apprécié découvrir comment une telle tragédie a pu avoir lieu. L’auteure prend ainsi le temps de dresser son cadre et place un contexte historique fouillé et riche d’évasion et de dépaysement. C’est avec intérêt que j’ai découvert les différents royaumes ainsi que les divers mythes et légendes revisités avec extrême simplicité. En ce sens, j’ai été ravi que Claire Heywood décide de mettre en action des figures moins connues de ce marquant épisode historique et pourtant hautement passionnantes à rencontrer. D’autant plus qu’à l’aide de ces savoureuses reines consœurs, cette dernière traite de sujets sensibles et délicats et au combien bien trop actuels encore comme la place de la femme au sein du mariage et l’appartenance de son corps. En ce sens, je ne m’attendais pas à autant de contemplation et j’ai vraiment été réceptif à ce choix de ne pas placer pleinement son œuvre au centre du conflit mais bel et bien de le situer au centre du quotidien de Klytemnestre et d’Hélène. Pour autant, Nous, Filles de Sparte n’en demeure pas moins épique et chevaleresque dans ses dernières parties, réservant au passage quelques surprises et autres révélations séduisantes. Ainsi, une certaine violence ne cesse de bercer cette œuvre et bien qu’au préalable psychologique, cette dernière tend à devenir davantage physique au gré du rythme de l’œuvre et de celui de la bataille dévoilée, s’accentuant au fil des chapitres pour finir telle une délicieuse tragédie grecque.

Finalement, le seul reproche que j’aurais à émettre envers le roman de Claire Heywood reste les quelques ellipses narratives utilisées par cette dernière. Bien que nécessaires dans le traitement de son intrigue et sans pour autant hacher son évolution se déroulant sur plusieurs années, j’avoue que je n’aurais pas été contre davantage de chapitres afin de détenir tous les tenants et les aboutissants de la fine et profonde psychologie des protagonistes dévoilés. En effet, chacun des principaux personnages se dévoile d’une finesse délicieuse et savoureuse à creuser et qu’il s’agisse de Klytemnestre où d’Hélène et même de leurs maris respectifs et d’autres personnages rencontrées, aucun de ces derniers ne se démontre blanc ou noir, bon ou mauvais mais se dessine une éloquente et pertinente toile de portraits humains et nuancés, tous, finalement, animés par différentes aspirations. Mieux encore, j’ai adoré découvrir les complexes liens unissant les personnages les uns et aux autres mais aussi aux quelques déités et autres figures emblématiques dévoilées que j’ai pris plaisir à retrouver, pour certains à nouveau. C’est pourquoi et au vu du sujet passionnant et narré avec force et style, je suis resté insatiable et en aurait voulu bien davantage.

Néanmoins et malgré ce léger manque, j’ai passé un merveilleux moment en compagnie de la plume de Claire Heywood qui donne la parole à deux figures mythologiques à la richesse psychologique passionnante et captivante à découvrir. A travers ses héroïnes, cette dernière élève la voix de femmes fortes et combatives, piégées entre hommes et dieux qui, finalement, ne rêvaient que d’amour et de liberté et non de violence et autres conflits qui n’auront d’autres choix que de faire face aux conséquences de leurs choix.

30 commentaires sur “Nous, Filles de Sparte de Claire Heywood

    1. Bon, tu n’as pas craqué mais il en était de peu… Je suis donc plus qu’impatient et ravi de ton intérêt pour cette réécriture qui met à l’honneur quelques figurines assez peu connues.

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  1. Au même titre que « Circé » ou « Le chant d’Achille », « Nous sommes les filles de Spartes » est dans mes envies de lecture. Je suis très curieuse de découvrir ces romans qui revisitent les mythes gréco-romains (grecs ou romains, je n’ai aucune préférence, d’autant plus qu’ils sont souvent liés, après tout ^^)
    Merci pour ton retour qui donne bien envie !

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    1. Et bien je suis plus que ravi de te donner envie de faire la rencontre de ses héroïnes peu populaires, à l’image de ce roman dont la sortie me semble être passé inaperçu.
      Avec grand plaisir et hâte de découvrir ton retour 😉

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  2. Et un roman de plus dans ma liste d’envie ! Je n’ai toujours pas commencé « Le chant d’Achille », qui est aussi dans ma whishlist. J’adore la mythologie, surtout grecque. J’ai commencé les ouvrages de Luc Ferry sur le sujet, qui sont vraiment bien (ce ne sont pas des romans) et j’ai a-do-ré celui de Stephen Fry « Mythos ».

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    1. J’en suis ravi ! Si tu apprécies le genre, tu seras servi.
      De mon côté, je note Mythos qui a tout pour me plaire et je t’avoue que Luc Ferry a une bibliographie vraiment conséquente, je vais jeter un œil à tout ça.
      Merci à toi 🙂

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  3. Je crois qu’il va rapidement atterrir dans ma PAL. J’adore tellement les réécritures autour de la mythologie grecque que je ne peux passer à côté de celui-ci, surtout après ton avis.

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  4. Malgré cette plume un peu en deçà de ses aînée, cette lecture semble fourmilier de qualités et a tout pour me pour me plaire, la ville de Sparte m’ayant longtemps fascinée. Je note donc ce nouveau titre et comme toi, je suis heureuse de voir l’antiquité avoir autant le vent en poupe en ce moment 😁

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    1. C’est d’un autre niveau mais tout aussi succulent et plaisant à découvrir. Avec simplicité, l’auteure donne la parole à des personnages forts et emblématiques bien trop peu représentée dans les œuvres actuelles ! J’apprécie cette mise en valeur et je suis ravi de ton intérêt suscité.

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  5. Il est dans ma wish list et ton avis renforce nettement envie de bientôt l’ajouter à ma PAL, d’autant que je viens de finir Le Chant d’Achille qui m’a donné des envies de mythologie !
    Je suis sensible au fait que l’autrice semble avoir réussi à construire des personnages nuancés, et revisité simplement, mais de manière prenante différents mythes et légendes…

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    1. Ton intérêt pour cette et la mythologie me ravi au plus au point. Néanmoins et après la délicieuse plume de Madeline Miller, je te recommande davantage celle de Pat Barker qui se dessine plus raffinée même si j’ai adoré celle-ci.

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