Biographie·Historique

Moi, Tituba Sorcière… de Maryse Condé

Note : ★★★★★ — « Aussi révoltante et difficile que se dessine cette lecture, remonter les traces et suivre la tragique destinée de Tituba se veut un exercice des plus émouvant et bouleversant. En s’inspirant de faits réels Maryse Condé donne la parole à une femme attachante, forte et résiliente dont les seuls crimes sont d’être née femme et de couleur dans un monde où seul le blanc domine. »

Résumé :
Fille de l’esclave Abena violée par un marin anglais à bord d’un vaisseau négrier, Tituba, née à la Barbade, est initiée aux pouvoirs surnaturels par Man Yaya, guérisseuse et faiseuse de sorts.
Son mariage avec John Indien l’entraîne à Boston, puis au village de Salem au service du pasteur Parris. C’est dans l’atmosphère hystérique de cette petite communauté puritaine qu’a lieu le célèbre procès des sorcières de Salem en 1692. Tituba est arrêtée, oubliée dans sa prison jusqu’à l’amnistie générale qui survient deux ans plus tard. Là s’arrête l’histoire. Maryse Condé la réhabilite, l’arrache à cet oubli auquel elle avait été condamnée, et, pour finir, la ramène à son pays natal, la Barbade au temps des Nègres marrons et des premières révoltes d’esclaves.

Chronique :
Bien que célèbre pour ceux qui se sont ou s’intéressent encore aux procès de sorcières réalisés par le passé, j’étais plus qu’intrigué de découvrir la destinée, inspirée de la tragique histoire de Tituba, proposée par Maryse Condé. Le moins que l’on puisse dire n’est autre que je ressors plus que ravi de ma lecture malgré les durs et sensibles sujets abordés avec pudeur et réalisme par cette dernière.

En effet et autant prévenir le lecteur dès maintenant, du fait du cadre historique retranscrit, l’auteure aborde des thèmes parfois difficiles et intolérables à parcourir. Du racisme à la ségrégation en passant par la violence et le viol ainsi que le sectarisme religieux, Maryse Condé dévoile la dureté de la société de l’époque et en particulier de celle du village d’antan, Salem. Dès les premières pages, Maryse Condé donne le ton et donne naissance à un personnage à la destiné plus que tragique et révoltante. Issue d’un viol, la vie n’épargnera nullement Tituba et c’est avec passion et empathie que j’ai marché sur ses pas pour traverser les siècles. Pour autant et malgré sa violence, ce roman tombe nullement dans le mélodrame et la surenchère et s’habille d’une touchante et douce retenue, offrant un passionnant contraste qui n’a cessé de m’éblouir, tout comme la plume de cette dernière.

En s’inspirant de faits réels tout en s’appuyant sur de véritables sources, datées de l’époque, Maryse Condé dévoile une première partie des plus réaliste et offre une véritable peinture de la vie réservée aux personnes de couleur à l’époque d’une société où les races et la religion dictaient les rangs et les droits des humains. Ainsi et avec un intérêt certain, j’ai redécouvert un univers révoltant, dont notre histoire n’a pas de quoi être fier tant celui-ci se veut intolérable. Pour autant, il serait bien trop facile d’oublier les sévices qu’ont pu subir ou que subissent encore et malheureusement une certaine partie de la population. En ce sens, l’auteur dévoile un certain hommage aux nombreux opprimés à travers sa touchante prose qui prend parfois des accents lyriques et poétiques dont j’ai été sensible et à l’étrange et pourtant douce amertume permanente. Néanmoins et malgré une première partie fort pertinente et convaincante, mettant en scène les victimes et autres participants des procès de Salem, j’ai été bien davantage sensible à la seconde partie donnant le chant libre à l’auteure d’offrir une rédemption plus qu’émouvante à son héroïne.

Une héroïne qui se dessine au fil des pages touchante et attachante et, surtout qui force l’empathie. Tituba n’est coupable que d’être née femme de couleur dans un monde hostile et dicté par un courant religieux n’offrant aucune chance à cette population, si ce n’est celle de vivre en captivité et en infériorité. Pourtant, cette dernière ne rêve que de liberté. Ainsi et portée par l’amour et soutenue par sa foi en sa résilience, Tituba livrera un combat sans faille afin d’échapper aux nombreuses cages dans lesquelles la vie n’a de cesse de l’enfermer. En offrant la parole à ce courageux et combattif personnage, c’est avec une promiscuité émouvante et édifiante que j’ai parcourir ce champ de liberté et s’est essoufflé et le cœur lourd et que je suis arrivé au dernier souffle de cette poignante et intense lutte et révolte, offrant le plus beau des saluts à Tituba dont sa mission de vie se dessine loin d’être achevée.

Ainsi et Aussi révoltante et difficile que se dessine cette lecture, remonter les traces et suivre la tragique destinée de Tituba se veut un exercice des plus émouvant et bouleversant. En s’inspirant de faits réels Maryse Condé donne la parole à une femme attachante, forte et résiliente dont les seuls crimes sont d’être née femme et de couleur dans un monde où seul le blanc domine. D’une plume maitrisée, cette dernière dévoile un roman dramatique captivant et dont la promiscuité avec son héroïne offre et de vives et fortes émotions.

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29 commentaires sur “Moi, Tituba Sorcière… de Maryse Condé

  1. Pas facile comme lecture, il faut s’accrocher tant le sujet est difficile. Mais il semble fort bien traité, et te sachant très bon connaisseur de la thématique des sorcières, je te fais entièrement confiance sur la qualité du livre que tu soulignes si bien.

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    1. Difficile et violent alors que l’auteure fait preuve d’une tendre pudeur offrant une dimension poignante à son œuvre !
      Je suis d’ailleurs ravi de voir que certaines lectures dédiées aux sorcières arrivent encore à m’animer comme celle-ci 😉

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  2. Cela fait plus de dix ans que ce livre est dans ma pal, en vieille édition. Ta chronique me dit qu’il faut que je le sorte. 😀

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  3. Une lecture qui m’a été conseillé il y a à peu près un an dans le cadre d’un cours mais je n’ai pas osé sauter le pas… Le roman prend la poussière dans mon étagère mais ta chronique a achevé de me motiver à le lire ! 🙂 C’est décidé, je le lis cet été !

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  4. J’ai beaucoup entendu parler de ce livre en bien, il est passé à la trappe dans un de mes tris de WL parce qu’il fallait bien faire des choix, mais je garde le titre dans un coin de ma tête, vu ce que tu en dis 😉

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    1. Si tu veux découvrir ou redécouvrir les procès de l’époque, suivre le point de vue de Tituba permet une promiscuité remarquable et révoltante !

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  5. Je suis fort tentée par cette très belle lecture historique mais j’avoue que j’ai peur pour mon cœur sensible tant ça a l’air réaliste justement. J’ai par exemple beaucoup de mal avec les scènes de viol…

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    1. Après même si ce texte est assez dur, l’auteure détient une certaine pudeur et cette réserve permet d’éviter un surinvestissement de la part du lecteur. Je suis certain que ce roman a de quoi te séduire !

      Aimé par 1 personne

  6. Je connais le roman de nom mais je ne le pensais pas aussi vibrant ! La lecture a l’air difficile et intense et l’héroïne des plus courageuses alors que la vie semble l’avoir éprouvée dès sa naissance.

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