La Couleur du Mensonge, tome 1 d’Erin Beaty

Note : ★★★★★ — « Cette relecture se dessine une pleine réussite tant la plume et le style d’Erin Beaty m’ont de nouveau charmé. Amateurs de jeux de dupes et de roman politique à la stratégie fine et palpitante, La Couleur du Mensonge ne peut que vous séduire également. Entre révélations et manipulation, tous les coups sont permis et bien des masques tomberont au cours de votre aventure. »

Résumé :
Sage Fowler, seize ans, est une bâtarde recueillie par un oncle riche et respecté. Sa seule chance de s’en sortir ? Épouser un beau parti. Elle se présente donc chez une entremetteuse – l’une de ces femmes chargées d’évaluer le potentiel des candidats au mariage, et dont les décisions font et défont les fortunes d’une famille, voire d’un pays tout entier. Mais avec sa légendaire indiscipline et sa langue trop acérée, la jeune fille échoue lamentablement. Amusée par son cynisme et son sens aigu de l’observation, la marieuse lui propose toutefois de devenir apprentie.
Sage s’embarque donc dans un périple vers la capitale pour assister au Concordium – là où, tous les cinq ans, se décident les unions les plus importantes – avec un groupe de jeunes filles triées sur le volet. Cette précieuse cargaison est escortée par un bataillon de soldats d’élite qui ne tarde pas à réaliser qu’ils sont tous sur le point de se jeter dans la gueule du loup : le pays voisin prépare une invasion et chaque étape du voyage pourrait bien être la dernière. Spécialiste des missions de reconnaissance, l’un des membres de la troupe sollicite alors l’aide de Sage. Mais plus elle avance dans ses recherches plus elle découvre, horrifiée, que tout le monde joue double jeu… à commencer par son recruteur lui-même ! Et, doucement, le piège se referme sur elle…

Chronique :
Suite à l’annonce récente de la prochaine parution d’Erin Beaty dans nos contrées, De Lune et de Sang, j’ai eu une soudaine envie de me replonger dans sa première œuvre dont je garde d’excellents souvenirs. J’avais adoré suivre les aventures de Sage et ses compagnons de route et ces retrouvailles se sont dévoilées sous les meilleures auspices et je suis ravi de vous la présenter aujourd’hui.

Il faut dire que malgré certains nets souvenirs de lecture, j’avais oublié à quel point l’auteure savait se montrer habile et astucieuse. D’une plume franche et assurée, cette dernière dévoile un premier volet, certes introductif, mais hautement addictif et palpitant à se mettre sous la dent. L’univers se veut alors riche et dense et sa complexité m’a de nouveau charmé. C’est un récit purement stratégique qui s’ouvre au lecteur et en tant que passionné de jeux de cours et de dupes, où tous les coups sont permis, j’ai été plus que servi. Dès le premier chapitre le ton est donné et entre manipulations et autres faux-semblants, Erin Beaty se joue de son lecteur comme il se joue de son héroïne et j’ai adoré redécouvrir sa malice. Ainsi et malgré sa densité, le rythme de ce premier volet n’en est pas moins conséquent et oscille à merveille entre contemplation et révélation. De chapitres en chapitres, les pièces du puzzle semblent s’imbriquer les unes aux autres tandis que les masques tombent à leurs tours. Mieux encore dans cette palpitante partie d’échec et cet impressionnant récit de guerre s’ajoute une romance finement amorcée qui permet quelques tendres et doux moments. Malgré quelques clichés et autres stéréotypes du genre, l’auteure n’en est pas moins sensible et débordante de sentiments.

Cette sensibilité raisonne d’ailleurs fortement dans la construction de ses nombreux protagonistes qui se dévoile à son tour bien alléchante. Au fil des pages, chacun se peaufine davantage et comme le dit l’adage, les apparences sont bien souvent trompeuses et tous réservent leurs lots de surprises. A commencer par Sage dont l’évolution est assez conséquente et dont je me suis rapidement attachée. Orpheline, celle-ci vit avec sa tante et son oncle bien décidés à la marier au plus vite. Malheureusement, sa rencontre avec l’entremetteuse ne se passe pas comme prévu et c’est un rôle bien plus important et conséquent qui lui sera demandé de jouer. Dès les bases établies, ce personne grandit et s’élève à chacune des décisions que celle-ci prendra afin d’assurer au mieux sa fonction d’espionne au service de la famille royale. Cette position de choix la fera graviter dans les hautes sphères et rencontrer bon nombre de personnes influentes dans cet univers aux unions politiques fragiles et tendues. Ainsi sa fougue et son intrépidité évolueront en courage et loyauté envers Ash et Alex, tous deux héros en devenir dans l’armée de leur territoire. Deux protagonistes également important dans l’avancée de l’intrigue et dont les caractères ainsi que leurs enjeux sont bien difficiles à cerner et dont les différentes relations se dessinent complexes à souhait. Apprendre à connaître chacun d’eux derrière leurs doubles jeux m’a une fois de plus totalement plu et plus que convaincu.

Cette relecture se dessine une pleine réussite tant la plume et le style d’Erin Beaty m’ont de nouveau charmé. Amateurs de jeux de dupes et de roman politique à la stratégie fine et palpitante, La Couleur du Mensonge ne peut que vous séduire également. Entre révélations et manipulations, tous les coups sont permis et bien des masques tomberont au cours de votre aventure.