Classique

Le portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde

Note : ★★★★☆ — « Ce classique est sans conteste l’un des plus percutant que j’ai pu lire jusqu’à présent. J’ai été fasciné par le style réthorique d’Oscar Wilde qui offre un récit sombre et perfide dans lequel règne une étrange ambiance chimérique et par lequel de nombreux messages métaphoriques sont dévoilés. Il est certain que je n’ai pas encore saisi toutes les dimensions de son œuvre, ce qui me pousse à réaliser de futures relectures de celle-ci. »

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Le seul charme du passé, c’est qu’il est passé.

Résumé :
– Ainsi tu crois qu’il y a seulement Dieu qui voit les âmes, Basil ? Ecarte le rideau et tu verras la mienne. Il avait, prononcé ces mots d’une voix dure et cruelle. – Tu es fou, Dorian, ou tu joues, murmura Hallward en fronçant les sourcils. – Tu ne veux pas ? Alors, je vais le faire moi-même, dit le jeune homme qui arracha le rideau de sa tringle et le jeta par terre. Une exclamation d’horreur s’échappa des lèvres du peintre lorsqu’il vit dans la faible lumière le visage hideux qui lui souriait sur la toile. Il y avait quelque chose dans son expression qui le remplit de dégoût et de répugnance. Grands dieux ! C’était le visage de Dorian Gray qu’il regardait ! L’horreur, quelle qu’elle fût, n’avait pas encore entièrement ravagé sa stupéfiante beauté. Il restait encore des reflets d’or dans la chevelure qui s’éclaircissait et un peu de rouge sur la bouche sensuelle. Les yeux bouffis avaient gardé quelque chose de la beauté de leur bleu. Le contour des narines et le modelé du cou n’avaient pas encore perdu complètement la noblesse de leurs courbes. C’était bien Dorian. Mais qui avait peint ce tableau ? Il lui semblait reconnaître son coup de pinceau. Quant au cadre, il était de lui. C’était une idée monstrueuse et pourtant il eut peur. Il prit la chandelle allumée et la tint devant le portrait, Son nom figurait dans le coin gauche, tracé en longues lettres d’un vermillon brillant.

Chronique :

Voici un classique qui, je pense, n’est plus à présenter. Pour autant je n’avais encore jamais pris le temps de lire ce roman et je dois dire que malgré le talent et le génie du style d’Oscar Wilde, j’ai l’impression d’être quelque peu passé à côté de cette lecture.

En effet, la plume de l’auteur se veut assez intimiste et un brin trop philosophique malgré sa large accessibilité de lecture. Beaucoup de métaphores sont présentées et il m’a fallu faire force d’effort pour tenter de toutes les comprendre afin de me les approprier. De plus, beaucoup de sujets sont évoqués par Oscar Wilde et ce en très peu de chapitres, faisant de court récit, un roman dense et condensé. Peu importe, Le portrait de Dorian Gray m’a interpellé par sa noirceur et sa cruauté. A travers des thèmes totalement abstraits et idéals, parfois chimériques, l’auteur dépeint toute la noirceur profonde de l’âme humaine. A travers cette peinture vile et abjecte, ce dernier retrace toute l’hypocrisie et la fausseté de l’humanité ainsi que l’importance de l’apparence dans notre monde. Quand bien même j’ai apprécié les thèmes abordés ainsi que leurs traitements, je me suis parfois assez ennuyé et ce surtout vers la moitié du roman. Il m’aura fallu attendre le dernier tiers pour être à nouveau convaincu et intrigué par ce classique littéraire. Néanmoins, je pense que celui-ci ne m’a encore pas tout délivrer ses messages et ses secrets. C’est pourquoi, je pense que ce livre détient sa place en tant que roman de chevet grâce à sa très grande portée et son aleph. J’ai d’ailleurs effectué quelques recherches afin de mieux cerner et pour décortiquer toute l’étendue de ce portrait au paraître illusoire, qui semble parfaitement coller à la vie qu’à mener l’incompris Oscar Wilde.

J’ai aimé cet espèce de chevauchement discret et subtil entre l’auteur et son protagoniste. Ce protagoniste qui par ailleurs m’a autant séduit que rebuté et pour lequel j’ai ressenti beaucoup d’émotions contradictoires le concernant. J’ai apprécié ce sentiment de perplexité qui ne m’a pas quitté un seul instant et qui permet une certaine intimité. Sans par autant parler d’attachement, je ne peux affirmer détesté Dorian Gray et je pense l’avoir avant tout pris en pitié. Ce sentiment provient de la très grande crédulité dont fait preuve notre dandy. De par son innocence et sa naïveté, celui-ci sera fortement influencé par son nouvel ami Harry, aux mœurs et à la morale marginales et dérisoires qui seront la naissance l’égocentricité et le narcisse dont fait preuve notre personnage et qui causeront sa perte. Sa décadence ainsi que sa dépravation sont fascinantes et rythment ce récit. C’est médusé que j’attendais sa déchéance finale et quand bien même celle-ci se veut cohérente, je n’ai été que très peu surpris par une telle finalité.

Ce classique est sans conteste l’un des plus percutant que j’ai pu lire jusqu’à présent. J’ai été fasciné par le style réthorique d’Oscar Wilde qui offre un récit sombre et perfide dans lequel règne une étrange ambiance chimérique et par lequel de nombreux messages métaphoriques sont dévoilés. Il est certain que je n’ai pas encore saisi toutes les dimensions de son œuvre, ce qui me pousse à réaliser de futures relectures de celle-ci.

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Bien que j’avais déjà découvert ce classique, les promesses d’une nouvelle traduction dans son intégrité m’ont très vite séduit et j’étais ravi de retrouver Oscar Wilde en compagnie de Tachan et Audrey qui m’ont à nouveau régalé par leurs passionnants échanges et leurs savoureux avis.

Sans revenir sur l’intrigue et l’œuvre en elle-même que j’ai déjà chroniqué si dessus, je me dois de revenir sur l’édifiant travail de traduction réalisé par Le Chant du Cygne, mettant en valeur et polissant merveilleusement bien ce travail de toute une vie. Cette nouvelle approche permet de dynamiser et d’offrir une traduction bien plus tranchée et catégorique que celle précédemment dévorée. J’avais de vifs souvenirs de ma lecture mais il est vrai que j’ai encore davantage apprécié la profondeur et la psychologie de ce classique qui m’a semblé des plus mystérieux et envoûtant.
Les vifs et vils portraits esquissés sont d’une complexité et d’une richesse incroyable et je ne peux qu’admirer le remarquable travail opéré par la maison d’édition qui m’a plus qu’envoûté. Entre tragédie et complexité, j’ai fortement apprécié m’imprégner et me noyer de ce tsunami de sentiments et d’émotions déferlant de chapitre en chapitre et s’assombrissant de page en page et ce, jusqu’à la dernière me laissant grisé de mon incursion.

C’est pourquoi et si vous n’avez toujours pas découvert ce chef d’œuvre littéraire, je ne peux que vous encourager à favoriser cette grandiose édition dont la traduction est un véritable bijou. J’ai été sensible à l’hommage rendu à ce récit d’antan mais raisonnant des plus actuel et captivant, rendu possible grâce à la passion ressentie à travers cette savoureuse restauration.

27 commentaires sur “Le portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde

  1. J’ai le souvenir d’une lecture parfois complexe en effet, avec plusieurs niveaux de compréhension, notamment philosophique. Mais cette nouvelle traduction semble ouvrir de nouvelles portes d’accès alors je tenterai sûrement l’expérience, même si comme tu le dis, il faudra sûrement plusieurs relectures pour cerner cette oeuvre très intrigante.

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    1. Alors cette nouvelle traduction et cette restauration permet une approche bien plus conséquente mais compréhensible au fil des pages. J’ai vraiment été charmé et conquis par ce merveilleux travail de réalisation !

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    1. Je peux comprendre ta confusion, moi même je ne me souviens déjà plus de tout tellement ce court roman est dense et développé. D’où les différentes relectures 😉

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  2. Je suis contente que tu aies accroché à ce beau classique malgré un petit passage où l’ennui a pris le dessus.
    Je suis tout à fait d’accord sur le fait que de par sa richesse finalement assez condensée, ce roman est à lire plusieurs fois pour en cerner tous les atouts.

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    1. C’est vraiment très léger mais arrivé au tiers du roman le rendu est un peu trop ambitieux pour moi niveau métaphores.
      C’est bien pour ça que je relirai très certainement ce classique pour le comprendre dans son intégralité.

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  3. Je suis curieuse de découvrir cette lecture. Elle est dans ma PAL depuis plusieurs années (j’aurais du normalement la lire pour les cours, mais bon pas très sérieuse 😅), pas faute d’avoir pu lire de nombreux retours sur ce classique. Je pense le sortir prochainement… 🤔

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    1. Je peux comprendre, j’ai toujours eu du mal avec les lectures imposées. Je trouve cela dommage car un livre est une rencontre et parfois c’est compliqué de la forcer.
      J’espère que ce classique te plaira quand tu te décideras.

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  4. Honte sur moi, je ne l’ai pas encore lu celui-là, il est dans ma PAL depuis au moins Mathusalem 😆
    Mais j’ai vu l’adaptation cinéma qui est sortie en 1945 🙂 Il me semble que c’était en 2016 ou 2017 aux Utopiales, la programmation « Rétrospective » est toujours riche et variée, ça m’a permit de voir pas mal de petits bijoux méconnus ou tout simplement inconnus.
    En tout cas, je garde une très bonne impression de cette adaptation et même sans avoir lu le roman 🙂 C’était étrange et dérangeant…

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    1. Effectivement cela doit être très intéressant de découvrir l’histoire sous ce format la. J’ai vu qu’une adaptation récente avait été réalisée. Je pense y jeter un œil prochainement.

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      1. Oui, c’est intéressant mais après c’est toujours le même problème, faut-il avoir lu le livre avant de voir son adaptation ciné ? (Vous avez 4h :lol:)
        Personnellement, je préfère lire le livre avant sinon, mon imaginaire est biaisé par le film… Mais quand je fais l’inverse, je critique violemment le film car il y a des coupes, des rajouts ou des modifications scandaleuses 😀
        Mais, j’ai néanmoins cette impression que les « vieilles » adaptations semblent assez proches des romans qu’ils adaptent, les scénaristes avaient l’air plus sages 🙂 De toute façon, je suis une amoureuse du ciné des années 30-40, il y a toujours des pépites à découvrir 😉

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      2. Alors je t’avoue que c’est un très bon débat et je plus comme toi alors qu’en réalité chaque support et différent et apportent une vision propre à son genre. Il faut réussir à faire abstraction et ça j’ai du mal.
        Après certaines fois les films me font découvrir de très bonnes sagas.
        Je vais me pencher sur la question du coup 😉

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  5. Tu retranscris très bien les souvenirs et sensations que j’en ai. J’aimerais beaucoup le relire en VO et ça tombe bien je l’ai dans ma bibli, reste plus qu’à le programmer ^^

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    1. Ça me rassure de voir que je ne suis pas le seul à ne pas avoir su tout saisir du talent d’Oscar Wilde. Je te souhaite bien du courage dans ta lecture que je trouve assez fastidieuse pour être lue dans la langue d’origine 😉

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  6. Oh c’est dommage que tu sois quelques fois passe à côté de cette histoire ! C’est vraiment l’un de mes classiques favoris, même a lire plusieurs fois pour bien tout saisir au niveau philosophique et cheminement de pensées 😁

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    1. Nous sommes bien d’accord, je pense qu’il est nécéssaire de réaliser plusieurs lectures de celui-ci et à différents moments pour détenir tous les tenants et les aboutissants de cette grande oeuvre. Tout comme les Hauts de Hurlevent par exemple 😉

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