Classique

Les Yeux Bleus de Thomas Hardy

Note : ★★★★☆ — « Malgré un agréable et doux moment de lecture, ce roman ne sera pas mon préféré de Thomas Hardy. La faute à une plume et un style bien moins aériens et mélancolique qu’à l’accoutumé, même si ces derniers ne manquent nullement de cruauté. Fort heureusement et quand bien même sa dimension très terre-à-terre, Les Yeux Bleus se lit avec facilité et fluidité bien qu’il semble souffrir d’un manque d’intérêt par moments. »

Lorsqu’une femme fait une impression durable sur un homme, elle revit presque toujours dans son esprit telle qu’elle lui apparut à un moment donné

Résumé :
Stephen Smith, un jeune architecte venu restaurer l’église d’une petite paroisse du Wessex, s’éprend d’Elfride, la fille du vicaire. Ce dernier, en raison des origines modestes du jeune homme, s’oppose à leur mariage. Le couple décide de s’enfuir à Londres mais Elfride y renonce au dernier moment. Ce roman en partie autobiographique dresse le magnifique portrait d’une jeune fille broyée par le poids des préjugés, par des passions contrariées, et livrée à un destin funeste auquel elle ne peut échapper.

Chronique :
Non mécontent et plutôt impatient de découvrir une nouvelle œuvre de Thomas Hardy, je me suis empressé de découvrir Les Yeux Bleus une fois en ma possession. Malheureusement et même si j’ai apprécié ce que j’ai pu lire, ce roman fait partie, selon moi, des moins bons et réussis de ce dernier.

En effet, j’ai adoré retrouver la douce et fluide plume de l’auteur malgré un style beaucoup moins aérien et bien plus terre-à-terre qu’à l’accoutumée. Je regrette fortement cette orientation bien plus littéraire et beaucoup moins poétique et lyrique car je ne suis pas parvenu à m’immerger totalement dans cette nouvelle tragédie qui m’a bien trop souvent laissé de marbre et peu emporté sur son passage. Pourtant et étonnement, cette romance détient tous les ingrédients favoris et avec lesquels sait parfaitement composer Thomas Hardy. Ainsi, j’ai pris plaisir à retrouver une nouvelle histoire d’amour impossible, bercée par de tendres et poignants moments, le tout accompagné de jolis et rudes paysages mais il m’a manqué un je ne sais quoi pour m’encrer profondément dans cette œuvre. Cependant et malgré ce petit manquement, le résultat est bien loin d’être exécrable et Les Yeux Bleus a su me faire vivre quelques vives et fortes émotions mais je suis habitué à bien plus complexe, travaillé et d’autant plus pessimiste de la part de celui-ci. Fort heureusement, cette œuvre n’est pas la plus alambiquée et inaccessible de l’auteur, c’est pourquoi je n’ai eu aucune difficulté de lecture et de compréhension, si ce n’est un manque d’intérêt parfois parasitant et handicapant. Néanmoins et faisant partie de ces premiers écrits, cette œuvre laisse très largement envisager et entrevoir tout le talent et la finesse de sa plume et de son style.

Ce constat s’applique également à ses personnages et plus particulièrement à son héroïne, Elfride. Bien que j’ai fortement pris plaisir à découvrir ce portrait de femme dans sa grande majorité, j’aurais été bien plus conquis si cette dernière s’était dévoilée davantage plus complexe et mature. C’est pourquoi et même si celle-ci a pu me sembler charmante dans les premières lignes, je l’ai trouvée un léger trop inconstante et changeante. Je ne peux nier que ce protagoniste est piégée par le poids des mœurs de sa société mais j’aurais apprécié qu’elle gagne en nuance et en maturité au fil des chapitres. Finalement, Elfride me laisse l’impression de ne servir que de prétexte à l’auteur pour nous offrir un audacieux triangle amoureux que j’ai apprécié découvrir grâce à Stephen et Henry nos deux prétendants que tout oppose excepté le charme d’Elfride et l’amour qu’ils lui portent. J’ai fortement apprécié ces deux héros grâce à cette impressionnante opposition car si l’un semble doux et attachant, l’autre se dévoile autoritaire et dominant. Ainsi, j’ai adoré suivre l’évolution de ce trio débordant de dynamisme et permettant à Thomas Hardy de réaliser une vive et violente critique des mœurs de l’époque. Sans pour autant être aussi sombre et pessimiste que d’autres de ses œuvres, Les Yeux Bleus ne manquent pas de cruauté et ses dernières pages en sont la preuve irréfutable. D’ailleurs, ce sont les derniers chapitres ce roman qui m’ont réconcilié avec ce celui-ci tellement je les ai trouvés des plus sensible à lire.

Enfin et malgré un agréable et doux moment de lecture, ce roman ne sera pas mon préféré de Thomas Hardy. La faute à une plume et un style bien moins aériens et mélancolique qu’à l’accoutumé, même si ces derniers ne manquent nullement de cruauté. Fort heureusement et quand bien même sa dimension très terre-à-terre, Les Yeux Bleus se lit avec facilité et fluidité bien qu’il semble souffrir d’un manque d’intérêt par moments.

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