Classique

Pour le meilleur et pour le pire… et pour l’éternité de Louisa May Alcott

Note : ★★★★☆ — « Comme le dit l’adage, « entre l’amour et la haine il n’y a qu’un pas ». C’est exactement ce genre de passion dévastatrice que nous offre cette fois-ci Louisa May Alcott. Cependant et bien que j’ai apprécié le fond de son œuvre, j’ai trouvé sa forme bien moins habile et, parfois, bien plus grotesque que romanesque. »

Résumé :

Rosamond, qui s’ennuie près de son grand-père dans une petite île perdue au large de l’Angleterre, s’enfuit à seize ans avec le beau Phillip Tempest, séducteur ténébreux, cynique et blasé. Devenue sa femme, elle va vivre auprès de lui la passion fiévreuse dont elle rêvait… Jusqu’au moment où elle découvre la face cachée de celui qu’elle aime. Pour sauver son âme et sa raison, elle n’a d’autre choix qu’une fuite éperdue. Mais elle a réveillé en Phillip l’instinct du chasseur, et il traquera à travers toute l’Europe cette proie qu’il lui faut désormais posséder pour l’éternité…

Chronique :

Des vacances en lecture, c’est bien mais des vacances en classique c’est encore mieux ! D’autant plus qu’il ne semble survivre de Louisa May Alcott seul son chef d’œuvre Les quatre filles du Dr March. C’est donc avec une réelle curiosité que j’ai décidé d’élargir ma rencontre avec celle-ci en parcourant cette œuvre largement différente que la précédente.

En effet et bien que toujours aussi dramatique, la plume de l’auteure signe cette fois-ci une véritable tragédie et une captivante histoire d’amour déchirante et parfois violente. Je ne m’attendais pas à une telle intrigue qui m’a fortement convaincu en début d’ouvrage. L’idée d’un amour interdit sous couverture de cavale et autres voyages au delà les océans m’a très vite séduit et se voulait source d’évasion. Malheureusement et malgré cette appréciation générale, je n’ai pas été emporté comme je pensais l’être ou que j’aurais voulu l’être. La faute à une surenchère de la part de Louisa May Alcott bien trop dramatique à mon goût. Plutôt que me toucher davantage, cette exagération m’a par moments semblée assez grotesque et l’exacerbation, manquant parfois, de subtilité est venue ternir cette prometteuse aventure romanesque. Néanmoins et malgré ce constat, j’ai quand même globalement apprécié la passion et l’amour débordant de ce roman et qui se veut la cause principale de cette décriée œuvre féministe au rythme étonnant et détonnant. Finalement, une certaine tension s’installe au fil des chapitres et malgré les endroits bucoliques et chaleureux, tels que Nice par exemple, dépeints avec finesse et détails par l’auteure, cette œuvre prend parfois l’orientation du genre gothique – quasiment thriller – et contraste totalement avec l’ambiance bienfaisante de son précédent chef d’œuvre. J’ai trouvé fort intéressante cette nouvelle vision de sa prose qui, cependant, aurait gagné en se dévoilant plus nuancée et moins tranchante.

Néanmoins, il est indéniable que l’auteure frappe fort avec cette œuvre et son intrépide et courageuse héroïne Rosamond qui ne rêve que de liberté et d’émancipation. Celle-ci pensait assouvir ses désirs dans les bras de Phillip Tempest suite à sa fuite forcée sauf qu’il n’en sera rien. Une fois le masque tombé de ce dernier, Rose découvrira un personnage cruel et manipulateur et vivra, par conséquent, une malheureuse et cruelle déchéance et seule sa détermination à survivre dans cette société puritaine parviendra à la délivrer de sa prison dorée quelques tendres et émouvants instants. Cette dernière ne manque ni d’audace ni de courage pour fuir son geôlier et contraste fortement du rôle de la femme en ces temps anciens. En ce sens, j’ai retrouvé tout le talent de Louisa May Alcott qui parvient à nouveau à créer de merveilleux personnages et quand bien même je ne suis pas parvenu à m’attacher à l’un d’eux, j’ai été sensible à leur richesse, leur complexité ainsi que leur profondeur. Cette dernière provient notamment de l’aspect parfois assez pieux et caractéristique du style de l’auteure mis en valeur grâce au bienfaiteur Père Ignatius. Mieux encore et cette fois-ci fortement inspiré de superstitions et autres légendes avec la référence à Méphistophélès, par exemple.

Comme le dit l’adage, « entre l’amour et la haine il n’y a qu’un pas ». C’est exactement ce genre de passion dévastatrice et de tragédie que nous offre cette fois-ci Louisa May Alcott. Cependant et bien que j’ai apprécié le fond de son œuvre, j’ai trouvé sa forme bien moins habile et, parfois, bien plus grotesque que romanesque. Sans pour autant ne pas avoir apprécié cette œuvre, je n‘ai pas été totalement convaincu même si cette dernière m’a permis de découvrir une autre facette de sa plume.

19 commentaires sur “Pour le meilleur et pour le pire… et pour l’éternité de Louisa May Alcott

  1. Je me rends compte que je n’avais pas eu la curiosité de regarder si Louisa May Alcott avait écrit autre chose que Les quatre filles du docteur March !
    Je ne l’aurais pas du tout attendu dans ce style d’intrigue !

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    1. Et bien il semblerait que ce soit son premier manuscrit rejeté de tous du fait de sa violence sociale. Comme quoi, sans ce rejet peut-être n’aurions nous jamais eu le droit à son chef d’œuvre.

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  2. À ajouté à ma wishlist de lecture classique donc (malgré la surenchère, des fois c’est facile de passer par dessus cet aspect). Cette liste s’allonge alors que j’en lis très peu, c’est problématique. Je pense lire Little Women cette année cela dit.

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    1. Tu m’en vois ravi, mieux vaut avoir une belle PAL de classiques que l’inverse !
      Little Women, je dois le relire en décembre. Je trouve le ton idéal pour une lecture en fin d’année et à Noël !

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  3. Quel dommage qu’on tombe un peu trop dans le drame… Mais j’ai quand même envie de découvrir cette autre facette de l’œuvre de l’autrice surtout avec cette passion de transformant en cauchemar.

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    1. Je t’avoue que malgré cette outrance romanesque, j’ai trouvé l’exercice plus qu’intéressant tant sa plume se révèle à l’opposé de ce à quoi nous a habitué l’auteure.
      J’espère que tu trouveras ton exemplaire car ce roman semble impossible à se procurer de nos jours.

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  4. ça a l’air très différents des Quatre filles du Dr March, c’est le moins qu’on puisse dire ^^ Je n’en avais jamais entendu parler avant de le voir sur ton blog, je pourrais le lire par curiosité, mais pas dans cette édition après la catastrophe de la traduction des Quatre filles du Dr March…

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    1. C’est à des années lumières de son autre roman bien plus sentimental et chaleureux. Je t’avoue que sans la collection des Romans éternels, je serais moi-même passé à côté de celui-ci. Je tiens d’ailleurs à te rassurer, le traduction est bien plus récente et n’est pas du même traducteur que Dr March.

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  5. Je ne connaissais pas du tout ce roman ! Ce que tu racontes du livre me fait penser à Jo March, lorsqu’elle s’essaie au genre gothique parce que c’est ce qui se vend le mieux. Le parallèle entre Louisa May Alcott et son personnage me fait sourire ^^

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    1. La parallèle te fait sourire mais est fort intéressant. Je pense que l’auteure a mis bien plus d’elle dans cette œuvre que dans son chef d’œuvre. J’ai apprécié ce fort contraste malgré une tonalité dramatique un peu trop empruntée.

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