Fantasy·Historique

Bertram le Baladin de Camille Leboulanger

Note : ★★★★★ — « Cette seconde rencontre confirme allègrement le riche talent et l’incroyable qualité narrative de Camille Leboulanger. Tel un pointilleux et prodige chef d’orchestre, ce dernier esquisse une merveilleuse aventure au rythme parfaitement mené et c’est tambour battant que je me suis imprégné de sa délicieuse mélodie. Ce dernier dépoussière avec pertinence et efficacité l’univers moyenâgeux et revisite les genres avec style et réussite. »


Résumé :
« L’auberge se tenait au croisement des deux routes les plus fréquentées de la région. C’était une bâtisse basse et longue, dont le toit était enfoncé en son milieu, comme si un géant était venu s’asseoir dessus. » Il y avait un temps où l’on savait écrire, et surtout où l’on savait créer le plus miraculeux des matériaux : le papier. Cependant, le secret de sa fabrication s’est depuis longtemps perdu. Désormais, des centaines de Musiciens parcourent les Terres Hautes, indifférents aux limites des domaines et des fiefs, pour récolter des histoires. Bertram le Baladin, célèbre Musicien de la Guilde, a perdu son luth – ou plutôt, on le lui a dérobé. Bien décidé à le retrouver, il est contraint de s’associer avec une femme, Sans-Nom, témoin du larcin. C’est ainsi que l’étrange duo part en quête du luth, dans un monde où la magie réside dans toutes les histoires : ragots, chansons ou légendes.

Chronique :
Suite à notre précédente lecture commune qui nous a permis de découvrir le savoureux talent de conteur de Camille Leboulanger grâce à son œuvre Le Chien du Forgeron, Tachan et moi avons décidé de poursuivre notre exploration avec ce titre choisi par mes soins. J’ai de suite été attiré par la couverture et le résumé de cette œuvre, riche de promesses et d’aventures et le moins que l’on puisse dire c’est que nous avons été pleinement servi. L’avis de Tachan a suivi et confirme que nos pétillants échanges démontrent que nous sommes tous les deux tomber, une nouvelle fois, amoureux de la prose de l’auteur.

Ce dernier confirme sans difficulté son talent et son génie d’orateur hors pair. La musique se dessinant l’élément central de Bertram le Baladin, j’ai adoré le rythme permanent et omniprésent de cette œuvre. L’intrigue se dessine une véritable et délicieuse mélodie et semble se composée telle un véritable chant. Tandis que les couplets se dévoilent synonymes d’aventures et de péripéties, les refrains se dessinent de fines et délicieuses morales qu’apprennent la troupe de troubadour au fil de cette véritable épopée historique et culturelle. L’auteur narre une histoire bien plus ambitieuse qu’elle peut paraître aux premières abords et dépoussière et revisite l’univers moyenâgeux comme pas deux. C’est un véritable ovni qu’il m’a été offert et j’ai adoré voguer au gré des paysages dévoilés et parfaitement mis en valeur par la plume de ce dernier. Les descriptions offertes par celui-ci ne manquement nullement d’apanage ni d’allégresse même si j’admets que celles-ci ont pu parfois me sembler souffrir d’une légère légèreté tant celles-ci se dévoilent délicieuses à se mettre sous la dent et pleinement immersives.

Avec poésie et lyrisme, Camille Leboulanger narre une aventure aux allures de tragédie passionnante et palpitante à parcourir. Si la première moitié de son récit se dévoile contemplatif et introductif, j’ai agréablement été surpris par la tonalité bien plus aventureuse de sa seconde partie. Un tantinet policier, un tantinet ésotérique et purement d’aventure, cette œuvre se dévoile une fine et riche épopée bercée d’un savoureux mélange des genres. D’autant plus que le tout est parfaitement dosé pour que chaque élément s’orchestre parfaitement les uns avec les autres. Finalement et sans être musicien, Camille Leboulanger se démontre un véritable chef d’orchestre et sait pertinemment mener son lecteur à la baguette. Je me suis d’ailleurs laissé surprendre par quelques révélations venant remettre en question ce que le savoir que je pensais détenir quant à son univers et ses protagonistes. Comme une véritable comptine, les éléments sont apportés au fil des chapitres et le rythme s’accélère dans les dernières pages pour offrir une finalité pleine de possibilités, laissant à son lectorat le soin de continuer à sa guise l’aventure de Bertram et ses coéquipiers. Il m’a été plaisant et passionnant de découvrir que bien d’autres guildes que celles des mercenaires ou des assassins, vus et revus, peuvent parvenir à me faire vibrer.

Par ailleurs, j’ai été sensible aux nombreuses métaphores et sujets soulevés par les héros esquissés avec nuance et finesse. A commencer par Bertram et son luth qui se veut être l’extension de son âme et de son corps. Dans un monde inspiré des traditions païennes, l’écriture n’est plus et seule la transmission orale demeure. Ainsi, la place de la musique ainsi que sa culture détiennent une extrême importance et seuls quelques privilégiés – tels que notre protagoniste – possèdent le pouvoir des mots et du rythme. Ainsi, j’ai adoré la relation qu’entretient ce dernier avec son instrument de musique tant celle-ci se dévoile aussi séductrice que destructrice au vu d’une telle dépendance. Au delà de la place de la culture au sein d’une société et grâce à l’énigmatique et envoûtante Sans-Nom, Camille Leboulanger traite également de la place de la femme au sein de son univers ainsi que des inégalités sociétales en opposant cette dernière à Gia, la talentueuse fille d’un des seigneur des contrées esquissées. En plus de ces personnages, l’auteur dévoile aussi celui de Chicot qui permet d’apporter une jolie note d’humour à son aventure et j’avoue avoir pris un malin plaisir à suivre cette atypique et attachante troupe de troubadour lors de cette folle enquête et cette quête du Graal. A travers leurs nombreuses péripéties et autres embuscades, chacun d’eux dévoilera quelques secrets et évoluera au gré de son apprentissage avant de finir par s’élever, j’ai apprécié cette évolution permanente mais amenée avec douceur et pudeur.

En conclusion, cette seconde rencontre confirme allègrement le riche talent et l’incroyable qualité narrative de Camille Leboulanger. Tel un pointilleux et prodige chef d’orchestre, ce dernier esquisse une merveilleuse aventure au rythme parfaitement mené et c’est tambour battant que je me suis imprégné de sa délicieuse mélodie. Ce dernier dépoussière avec pertinence et efficacité l’univers moyenâgeux et revisite les genres avec style et réussite. Sans surprise, je suis impatient de continuer l’exploration de sa bibliographie en compagnie de Tachan qui a d’or et déjà opté pour une œuvre de science-fiction, Ru.

Cette lecture a été réalisée à l’occasion du Pumpkin Autumn Challenge – 2022 : Menu Automne douceur de vivre – La maison slangsters.

18 commentaires sur “Bertram le Baladin de Camille Leboulanger

  1. Tu me tentes avec ce retour, alors que je n’étais pas sûre de vouloir le lire. Mais vu ce que tu en dis, je pense que ça vaudra le coup que j’y jette un oeil ! J’ai adoré Le chien du forgeron.

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  2. Et oui tu l’avais bien deviné, j’ai aussi aimé d’amour cette revisite du moyen âge autour de ce pourvoyeur de musique et d’histoire.
    Ta chronique lui rend bien hommage en étant aussi très fleurie, riche en métaphores et belles phrases. J’aime beaucoup, ça rend bien l’atmosphère de l’œuvre.
    J’ai vraiment été fasciné par ce héros si particulier que fut Bertram et son si bel attachement à son instrument.
    Hâte aussi maintenant de repartir avec Ru.

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    1. Comment en douter suite à nos échanges plus que pétillants d’enthousiasme ?!

      Merci pour ce doux et bienveillant compliment, j’espère réussir à être aussi loquace suite à notre découverte de Ru qui m’envoie vers de nouvelles horizon et autres défis que j’ai hâte de relever.

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  3. Je crois que finalement ce roman me tente encore plus que Le Chien du Forgeron. Le mélange des genres a l’air savamment orchestré, les thématiques abordées intéressantes et l’écriture semble avoir de quoi me séduire. Je suis juste peut-être un peu plus réservée pour la fin, les appréciant claires et définitives, mais j’ai l’impression qu’ici, ce n’est qu’un détail tant les qualités du récit sont nombreuses.

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    1. Les deux œuvres sont totalement différentes mais tout aussi éloquentes et pertinentes à découvrir. Je ne saurais te conseiller tant j’ai adoré les deux même si Le Chien du Forgeron plaira certainement plus à un large public.
      Bertram est plus raffiné et plus élaboré dans sa construction et confirme le talent de l’auteur et l’amour des mots qu’il détient. Excepté la fin qui peut paraître frustrante, cette épopée est vraiment magistrale et renversante.

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  4. Quand je lis ton avis lecture, j’ai l’impression d’être passé à côté de ce livre ^^ En tout cas, c’est chouette d’en lire du positif car j’en ai plutôt pensé l’inverse. Les goûts, les couleurs tout ça tout ça 😉 Bon dimanche 🙂

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