Historique

Les Filles de Salem de Thomas Gilbert

Note : ★★★★★ — « J’ai adoré redécouvrir les procès de Salem au travers du coup de crayon vif et saisissant de Thomas Gilbert. Ce dernier offre une vision débordante de cruauté mais surtout de vérité quant aux mœurs et traditions de l’époque, portées par un peuple endoctriné par la foi aveugle envers leur seigneur. Par raison ou folie, ces derniers porteront les travers d’une société perdue et esseulée cherchant à tout prix un coupable à leurs malheurs. »


Résumé :
1692. Salem, en Nouvelle-Angleterre. Abigail, 17 ans, raconte l’histoire des sorcières de Salem dont elle fut l’une des victimes. Suspectées d’être possédées par le démon, des jeunes filles de ce village puritain dénoncent d’autres membres de la communauté de les avoir ensorcelées. La psychose s’emballe, donnant lieu à des procès en sorcellerie et à de nombreuses exécutions.

Chronique :
Lorsque je suis tombé par hasard sur cette adaptation graphique des fameux procès de Salem, je n’ai pas hésité un seul instant à me le procurer et je dois bien admettre que le destin est bien fait tant j’ai adoré ma découverte de cette revisite percutante et pertinente.

Il faut dire qu’en plein re-visionnage de Salem, la série également inspirée de ces faits réels, j’ai trouvé une saveur particulière à l’œuvre de Thomas Gilbert. À l’aide d’un coup de crayon délicieusement vif et saisissant, dont vous pouvez retrouvez un aperçu ici, ce dernier offre une vision violente et sanguinolente du calvaire qu’on vécu les femmes – et certains hommes – de ce superstitieux et maudit village. Si, comme moi, vous connaissez déjà les grandes lignes de cette funeste tragédie, cette lecture ne vous apprendra rien de plus mais vous fera vivre un voyage percutant au sein d’une bourgade manipulée par l’opinion publique et dirigée par un homme d’église bien plus entrain à la prospérité qu’à la charité.
Avec brutalité mais réalité, l’auteure met en avant les tristement célèbres portraits dévoilés lors de ces événements. Ainsi, j’ai pris plaisir à retrouver certains protagonistes clés et essentiels à l’avancée de cette intrigue encore incomprise de nos jours de par ses origines inconnues et bien floues encore. Le lecteur fera ainsi la connaissance des amies Betty et Abigail, semblant la cause de ce tourment mais aussi la rencontre de l’esclave et étrangère Tituba ainsi que celle du maléfique et diabolique révérend Parris. A travers ces personnages, Thomas Gilbert dévoile et présente l’histoire d’un peuple pauvre et encadré par une fois pieuse, ne laissant place aux traditions païennes et autres superstitions de l’époque. Ainsi, les comportements de cette bourgade sont régis par la parole de dieu et dictés par la foi qu’ils ont envers le tout-puissant. En ce sens, le lecteur se veut témoin d’une déchéance orchestrée sous forme de manipulation et autres manigances afin de taire certains secrets et certains autres pêchers réalisés par ses mêmes accusateurs de sorcellerie.

Ainsi, c’est une pertinente critique des mœurs que réalise l’auteur et ce, avec finesse et profondeur. Je ne m’attendais pas à découvrir une œuvre aussi vive et dynamique, à la construction délicieuse à parcourir. Les premières pages apportent une certaine clarté et épuration dans leur réalisation qui s’effacera au fil des chapitres pour laisser place à une effrayante noirceur, apportant une certaine dualité à cette œuvre. Le bien contre le mal, le jour contre la nuit mais aussi la bonté contre la cruauté et tant d’autres encore. Je me suis languis de cette décadence visuelle et scénaristique et j’ai été plus que réceptif à la rédemption apportée par ce dernier en fin d’ouvrage. Avec un certain style et une certaine poésie, ce dernier rend un subtil hommage à ces êtres innocents torturés et tués sur de simples commérages et sous le poids du pouvoir en place à l’époque. Mieux encore et bien que subtilement représenté, Les Filles de Salem ne manque nullement d’ésotérisme et j’ai également apprécié l’appropriation que s’en est fait Thomas Gilbert. Ici et là sont dissimulés quelques notions essentielles à cet art ancestral et je n’aurais pas été contre un certain approfondissement de la part de celui-ci. Néanmoins, l’orientation réalisée par ce dernier et profondément psychologique se veut percutante et pertinente et je n’en attendais pas moins de cette lecture aux dessins irréprochables et vivifiants.

J’ai donc adoré redécouvrir les procès de Salem au travers du coup de crayon vif et saisissant de Thomas Gilbert. Ce dernier offre une vision débordante de cruauté mais surtout de vérité quant aux mœurs et traditions de l’époque, portées par un peuple endoctriné par la foi aveugle envers leur seigneur. Par raison ou folie, ces derniers porteront les travers d’une société perdue et esseulée cherchant à tout prix un coupable à leurs malheurs.

16 commentaires sur “Les Filles de Salem de Thomas Gilbert

  1. Cette BD est dans ma WL depuis très longtemps, je n’ai pas encore franchi le pas parce que j’ai entendu dire que c’était extrêmement difficile à encaisser. Mais je finirai par le lire, c’est sûr!

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    1. Alors j’avais également cette crainte au vu de certains avis mais cette œuvre reflète seulement la réalité et ne m’a pas dérangé une seule fois. Néanmoins, le sujet est percutant donc je peux comprendre ce malaise.

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  2. J’avais déjà repéré ce titre à plusieurs reprises sur internet et librairie sans jamais franchir le pas. Mais je suis bien tentée. Les extraits que tu nous laisses apercevoir me rappelle un peu l’ambiance et les dessins des BD « Beauté » de Hubert et Kerascoët, j’aime beaucoup. D’autant que tu sembles conquis par la construction, le contraste présent dans ces pages. Merci pour ce rappel Steven. 😊

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    1. Je ne suis pas forcément très bande dessinée et je l’ai adorée. L’ambiance est aussi saisissante que les dessins et le rendu est parfaitement dynamique. Si ce genre de croquis te plait, je sais d’avance que tu seras servie !

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  3. Je n’ai pas encore eu l’occasion de l’emprunter, mais il faudra que j’y remédie. Je trouve toujours intéressant d’aborder des événements tragiques sous forme graphique d’autant que si je connais les grandes lignes de cette tragédie, je suis curieuse de la découvrir de plus près…

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