Grand-Passage de Stéphanie Leclerc

Note : ★★★★☆ — « Quand bien même j’ai passé un chaleureux et délicieux moment en compagnie de Stéphanie Leclerc, je ressors confus et indécis quant à cette lecture à l’ambiance particulière et parfaitement envoûtante. Je ne peux que vous encourager à découvrir cette œuvre atypique qui, d’une manière ou d’une autre, parviendra à vous marquer comme je l’ai été et qui, une fois achevée, laisse largement matières à réflexion. »

Un roman à l’ambiance envoûtante, entre polar et conte fantastique.

Résumé :
Lauris vit heureux à Grand-Passage, au bord de l’autoroute où sa mère travaille. Pourtant, depuis l’enfance, il perçoit des phénomènes étranges : autour de lui, des animaux morts s’animent. Un beau jour, c’est le fantôme de son grand-père qui vient lui parler. Peu après, son amie Lali disparaît subitement. L’effroi s’abat sur la vallée lorsque son corps est retrouvé près de l’autoroute. Tandis que la communauté de Grand-Passage se verrouille, Lauris multiplie les rêves inquiétants…

Chronique :
La couverture et le résumé de Grand-Passage n’étant pas sans me rappeler ceux du délicieux Sur les Ossements des Morts d’Olga Tokarczuk je ne pouvais faire autrement que de me procurer cette œuvre prometteuse d’onirisme et de poésie. Et alors que j’ai été ravi de retrouver ces éléments, je suis assez perplexe quant à mon ressenti général qui oscille entre merveille et frustration. Ainsi, il y a du très bon comme du moins bon dans l’oeuvre de Stéphanie Leclerc qui, cependant, ne m’a laissé nullement indifférent.

Preuve en est, j’ai littéralement dévoré ce roman et je n’ai pu me résoudre à le refermer sans l’avoir achevé. La prose de cette dernière détient un je ne sais quoi de purement et parfaitement captivant. Son style aérien capte l’attention et se veut des plus percutant qui soit. Avec poésie et sensibilité, l’auteure ouvre les portes d’un univers fascinant et passionnant, à la fois glauque et réconfortant. En ce sens, cette lecture m’a lecture m’a fait traverser énormément d’émotions, aussi opposées les unes que les autres, et me laisse sur une vive et étrange sensation. J’ai été réceptif à toute la dimension mystérieuse et mystique de son roman, parfois légèrement moins à sa part rationnelle qui m’a semblé bien trop prévisible et improbable et impromptu. Destiné à un jeune publique, j’ai très vite compris où désirait m’emmener Stéphanie Leclerc et je suis certain que les plus jeunes lectures ne peuvent êtres qu’étonnés par une telle conclusion. Tout comme je suis certain que les plus grands, comme moi, sauront retrouver leur part d’enfance et sauront se laisser bercé comme je l’ai été.

Il faut dire que Lauris, l’adolescent et personnage principal de Grand-Passage, m’a beaucoup plu et je me suis fortement reconnu en lui quant à certains traits de sa personnalité. Élevé seul par sa mère, ce dernier se pose des questions sur ses racines depuis les étranges visions qu’il perçoit ainsi que la présence de son défunt grand-père dans celles-ci. Ne l’ayant jamais connu, cette envie de découvrir les origines de sont passés se dévoilent vitale pour lui et j’ai été plus que sensible et compréhensif face à cette quête d’identité que j’ai moi-même réalisé en remontant les traces de ma famille grâce à la généalogie. Encore plus quand je sais à quel point j’ai été et suis encore très proche des propres grands-parents qui ont pu m’accompagner dans la vie le plus tard possible. En ce sens, je ne peux qu’être reconnaissant en la vie pour ce précieux cadeau que n’a cessé de me rappeler Grand-Passage.  De plus et comme tout bon adolescent qui se respecte, la vie lui pose souvent question et les thématiques abordées telles quel les premiers sentiments amoureux, ceux d’appartenance à un groupe mais aussi le deuil et bien d’autres m’ont tout aussi charmé et intéressé. Stéphanie Leclerc y répond avec songe et douceur mais parfois avec bien trop de parcimonie. J’apprécie l’ambiance énigmatique et impénétrable que cela apporte à ce roman mais j’aurais apprécié que certaines parties soient davantage étoffées tant j’ai été réceptif au style envoûtant de celle-ci. Finalement, le titre de ce roman peut tout aussi bien être une merveilleuse métaphore du passage de l’enfance à l’âge adulte et laisse parfaitement songeur.

Ainsi et quand bien même j’ai passé un chaleureux et délicieux moment en compagnie de Stéphanie Leclerc, je ressors confus et indécis quant à cette lecture à l’ambiance particulière et parfaitement envoûtante. Je ne peux que vous encourager à découvrir cette œuvre atypique qui, d’une manière ou d’une autre, parviendra à vous marquer comme je l’ai été et qui, une fois achevée, laisse largement matières à réflexion.

Cette lecture a été réalisée à l’occasion du Pumpkin Autumn Challenge – 2022 : Menu Automne frissonnant – Catégorie Ghost hunt.