Coup de ♥·Historique

La Malédiction du Norfolk de Karen Maitland

Note : Coup de ♥ — « Traditions païennes et ésotériques, conflits historiques et politiques, malédiction sous fond de romance, autant d’ingrédients qui vous feront vivre une lecture aussi intense qu’immersive. Je ressors le cœur lourd de mon voyage au sein de l’envoûtant univers de Karen Maitland, synonyme de coup de cœur me concernant, et je suis plus qu’impatient de retrouver l’auteure prochainement. »

« Une immense vibration. »

Résumé :

1208. Le pape Innocent III, en conflit avec le roi Jean, prononce un interdit sur tout le royaume d’Angleterre. Les églises et les cimetières sont fermés, le haut clergé quitte le pays, les prêtres ont défense de célébrer les offices ou de conférer les sacrements – ni confession, ni mariage, ni extrême-onction. S’ensuit un véritable chaos spirituel dans le royaume, en particulier chez les plus démunis, ceux pour qui la foi est le seul recours. C’est dans ce contexte particulièrement difficile qu’une jeune paysanne, Elena, est appelée au service du seigneur de Gastmere, dans le comté de Norfolk. Là, on l’oblige à s’adonner à un étrange rituel, celui des « mangeurs de péchés », consistant, en l’absence d’extrême-onction, à prendre sur sa conscience tous les péchés non expiés d’un mourant. Cette cérémonie va être le début d’une véritable descente aux enfers pour la jeune fille qui se retrouve bientôt accusée de meurtre. Son cauchemar ne fait que commencer…

Chronique :

En recherchant une nouvelle lecture dédiée à la figure de la sorcière, je suis tombé par hasard – nul doute qu’il fait toujours bien les choses – sur ce roman dont le résumé m’a de suite convaincu. C’est pourquoi et en ni une ni deux, je me suis empressé de me procurer mon exemplaire que j’ai littéralement dévoré. A dire vrai, je ne m’attendais pas à retrouver en Karen Maitland l’alter égo féminin de Ken Follett.

Et pourtant, il est indéniable que l’auteure détient tous les ingrédients nécessaires pour offrir une œuvre historique des plus palpitante à parcourir. Cette dernière nous ouvre les portes du moyen âge et offre au lecteur un savoureux voyage dans le temps des plus convaincant et captivant. Sans frivolité, Karen Maitland redonne vie à un épisode de l’Histoire du règne du roi Jean en plein conflit avec l’église. Ne connaissant nullement cet épisode majeur de l’histoire d’Angleterre, je me suis délecté des nombreux faits historiques dévoilés. Il faut dire que la romancière s’inspire de la réalité pour offrir une fiction digne de ce nom et détenant tout ce qu’il y a de plus plausible. Ainsi, j’ai eu l’honneur de réaliser la lecture d’un réussi mélange de roman historique et quelque peu policier, le tout doublé d’une retranscription de ce que semblait être le quotidien d’autres fois.
Sans être des plus complexe, il serait mentir de nier l’intelligence dont fait preuve l’auteure pour livrer une intrigue aussi mystérieuse que palpitante où les limites entre ésotérisme et réalité sont si fines que je ne savais plus que croire de ce que je découvrais. Ce procédé colle parfaitement au cadre historique esquissé tant les croyances et autres superstitions de l’époque rythmait et dirigeait la vie des villageois. Mieux encore et à chaque début de chapitre, une plante nous est dévoilée et fait de La Malédiction du Norfolk une délicieuse bible de l’Herboristerie.
La nature et ses verrues détiennent d’ailleurs une place importante, tout comme celle des sorcières de l’époque, avant tout guérisseuse pour la plus part. Néanmoins et bien qu’aucune chasse aux sorcières n’est lieu dans cette œuvre, la figure de cette dernière n’en est pas moins importante et j’ai été séduit par celle-ci. La place de la femme reste aussi vivement discutée au cours de cette savoureuse épopée et est tendrement mise en branle grâce à la seule présence d’Elena à laquelle je me suis fortement attaché.

En effet, cette jeune demoiselle se voit, à cause d’un rituel ancestral, liée sans le savoir au doux et mystérieux Raffaele cachant bien des secrets qui serviront toute l’intrigue et qui en permettront la progression. Suite à cette malédiction, notre jeune paysanne se verra confiée le rôle de femme de chambre pour le compte de la maîtresse des terres et découvrira bien des dangers suite à l’arrivée de traites à la cour. Bien que pouvant se montrer parfois assez agaçante dans ses décisions, j’ai été séduit par l’innocence et la bonté de ce personnage, guidé par ses croyances et bien souvent berné par ces dernières. Celle-ci se trouvera bien souvent dans de fâcheuses conditions et frôlera de près la mort à laquelle elle échappera grâce aux interventions de de Rafaele. Ainsi et si Elena brille par sa bonté, ce dernier lui brille pour son altruisme et sa loyauté sans faille envers son ami tout juste décédé et héritier du domaine, Gérard. En l’interdiction d’offrir les derniers sacrements par le Pape et afin d’honorer comme il se doit la mémoire de son défunt ami, notre attachant eunuque fera figure de père pour sa jeune protégée. Avec émotions et sentiments, j’ai suivi cette étonnante mais touchante relation et ce, jusqu’au déterrage des sombres secrets que porte les épaules de ce dernier et dont la révélation m’aura plus que fait vibrer.
Pour autant et bien que majoritairement axé sur ces protagonistes, Karen Maitland n’en oublie pas pour autant de dresser le portrait d’une importante gallérie d’autres. Bien que davantage secondaires, chacun d’eux dévoileront d’abouties et fines élaborations. C’est pourquoi et tandis que j’ai pris plaisir à en détesté certains, d’autres m’ont tout autant charmé malgré leur rôle, telle que Ma , naine et gérante d’une maison de passes par exemple. Bien que certaines pratiques peuvent paraître quelque peu choquantes et malaisantes, il n’en est rien au vu de l’époque dépoussiérée dont certaines erreurs sont encore parfois reproduites de nos jours.

Traditions païennes et ésotériques, conflits historiques et politiques, malédiction sous fond de romance, autant d’ingrédients qui vous feront vivre une lecture aussi intense qu’immersive. Je ressors le cœur lourd de mon voyage au sein de l’envoûtant univers de Karen Maitland, synonyme de coup de cœur me concernant, et je suis plus qu’impatient de retrouver l’auteure prochainement.

27 commentaires sur “La Malédiction du Norfolk de Karen Maitland

  1. En découvrant Karen Maitland, j’ai aussi pensé qu’elle était une sorte de Ken Follett au féminin…force est de constater que s’ils ont le Moyen Âge en commun, leur univers littéraire diverge pas mal ! 😀 Mais ils sont tous les deux assez intéressants à leur manière.
    Je crois que La malédiction du Norfolk avait été celui que j’avais le moins aimé pour ma part mais c’est un ressenti tout à fait subjectif car c’est un très bon roman. Je l’avais lu un peu en apnée, je me souviens, suivant les péripéties de la jeune héroïne avec angoisse…quel cauchemar, me suis-je dit, de se trouver ainsi privée entièrement de choix, à la merci de la puissante lady Anne ! Il faudrait vraiment que je le relise un de ces jours, sans le comparer à La compagnie des menteurs. 🙂

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    1. Je te rejoins totalement quant aux différentes voies empruntées par les auteurs. Mon parallèle correspond surtout au fait que les deux romanciers parviennent avec aisance à redonner vie au passé avec facilités et efficacité.
      De mon côté et étonnement quand je vois les différents avis déjà publiés sur cette œuvre, La Malédiction du Norfolk est mon préféré de l’auteure. Peut-être car il s’agit de ma première rencontre. Une rencontre des plus sombres et réussie.

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      1. Ah oui, tout à fait. 😉 De ce point de vue, je suis totalement d’accord : ce n’est pas donné à tout le monde d’arriver à faire revivre une époque, surtout aussi lointaine que le Moyen Âge et là-dessus, Karen Maitland comme Ken Follett y arrivent très, très bien. 😀

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  2. Dommage que j’ai lu tes chroniques de la plus récentes à la plus anciennes ! 😁 Du coup, comme je le disais dans mon commentaire sur « Les âges sombres », j’ai très envie de découvrir l’autrice et j’ai noté aussi celui-ci dans ma wishlist. Je suis d’autant plus convaincue quand tu dis avoir retrouvé en Karen Maitland « l’alter égo féminin de Ken Follett ». Il ne m’en faut pas plus !

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    1. Alors pour le moment et quand bien même j’ai apprécié mes deux lectures, ma préférence va pour cette dernière que j’ai trouvé plus percutante et captivante ! Notamment grâce aux magnifique tandem mis en lumière dans cette sombre période ou les traditions et autres superstitions demeurent.

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  3. De base, ce n’est pas du tout pour moi, bien que l’aspect ésotérisme et traditions païennes me plaisent énormément ! Mais c’est essentiellement ton avis qui me donne envie, alors je note absolument 😍

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    1. Si tu es sensible aux traditions ancestrales et païennes, cette œuvre est pour toi tant elles en sont l’essence même ! Le tout doublé d’un captivant conflit géopolitique ainsi que de savoureux complots à découvrir.
      Je suis sûr que cette œuvre a de quoi t’offrir un merveilleux moment livresque 😉

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