Mythe/mythologie

Le Chant des Déesses, tome 1 : Pénélope, Reine d’Ithaque de Claire North

Note : ★★★☆☆ — « Bien que convaincant et éloquent dans son fond, la forme de ce premier volet n’est guerre parvenu à me convaincre. La faute à une narration bien trop familière et froide qui ne m’a apporté que distance et effacement. Cela me frustre davantage tant la période revisitée par l’auteure se veut fouillée et riche. Tout comme les portraits esquissés avec réussite par cette dernière qui ne sont parvenus à sauver la donne. »


Le plus grand pouvoir des femmes est celui dont elles s’emparent en secret.

Résumé :
Au-delà des rivages d’Ithaque, les caprices des dieux dictent les guerres des hommes. Mais sur l’île, ce sont les choix des femmes abandonnées – et de leurs déesses – qui changeront le cours du monde. Le roi Ulysse est parti depuis de nombreuses années en guerre contre Troie, emmenant tous les hommes en âge de combattre de l’île d’Ithaque. Pénélope, sa femme, l’attend avec patience et dirige le royaume. Mais lorsque des rumeurs circulent sur la mort de son mari, les prétendants commencent à frapper à sa porte. Or, aucun homme n’est assez puissant pour revendiquer le trône vide d’Ulysse. Si Pénélope choisit l’un d’entre eux, Ithaque plongera dans une guerre civile sanglante. Seule la ruse et son réseau d’espionnes lui permettront de maintenir l’équilibre délicat du pouvoir nécessaire à la survie du royaume. À Ithaque, tout le monde surveille tout le monde et il n’y a pas un coin du palais où l’intrigue ne règne pas en maître.

Chronique :
Depuis ma découverte et mon coup de cœur pour l’œuvre de Madeline Miller, Le Chant d’Achille, j’adore me plonger dans de passionnants romans antiques tels que Nous, Filles de Sparte de Claire Heywood, ou bien encore Les Femmes de Troie de Pat Barker. C’est pourquoi et dès son annonce, j’ai craqué pour cette nouvelle série de Claire North que nous avons décidé, Alexandra, Audrey, Océane et moi-même de découvrir ensemble et dont voici les avis : Alexandra et Océane. Malheureusement et bien que riche d’un point de vue historique, je regrette être passé à côté de cette lecture. La faute à une plume que nous avons, nous quatre, jugée bien trop distante et parfois grossière pour parvenir à m’immerger ne serait-ce qu’un minimum.

Ce décalage entre la période couverte et sa tonalité m’a fortement handicapé et je n’ai guerre réussi à faire abstraction de ce sentiment de distance et de maladresse si ce n’est durant les quelques derniers surprenants chapitres. Je regrette amèrement ce constat tant la richesse du travail de recherche réalisé par Claire North est parfaitement démontrée tout le long de ce premier volet aux accents forts introductifs. Pénélope, Reine d’Ithaque pose aux premiers abords le socle d’un univers solide et fouillé mais dont la sauce ne prendra nullement de mon côté. Sur le fond, je suis conquis mais sur la forme je reste simplement dubitatif et frustré. Il en est de même quant à la construction narrative de l’œuvre de l’auteure qui prend le parti de dévoiler le règne de Pénélope à travers les yeux et la voix de la déesse Héra. Si ce choix se voulait prometteur, nous sommes bien loin des tonalités oratrices spécifiques aux épopées mythologiques et antiques que j’affectionne tant. Le ton est fragile et manque clairement d’envergure et d’ambition. D’autant plus que même les incursion de notre narratrice ne sont parvenues à sauver la donne et sonnent parfois assez hasardeuses et bancales. Ainsi et malgré une plume des plus aisées et fluide à parcourir, celle dernière m’a semblé bien trop froide et familière pour parvenir à me faire ressentir une once d’émotion.

Ainsi et à cause de ce manque d’investissement, j’ai tout juste apprécié découvrir le destin fatidique de Pénélope ainsi que la peinture esquissée par Claire North d’une variété de personnages aux classes sociales aussi et toutes différentes les unes des autres. Cette variété de portraits permet une importante mise en lumière des us et coutumes et autres mœurs de l’époque et c’est ce que j’ai le plus apprécié au cours de ma lecture. Cette plongé dans les coulisses d’un conflit menaçant le règne de notre Reine m’a davantage saisi que le reste dévoilé. Fortement stratégique, l’action se fait alors aux bas mots mais n’en demeure pas moins pertinente et captivante à parcourir. Accompagnée de fidèles alliés et d’autres comparses, Pénélope devra déplacer ses pions et jouer ses coups avec habilité et subtilité et j’ai été sensible au développement profond réalisé par l’auteure quant à ce personnage. Cette construction se répercute sur l’ensemble des grandes figures, plus ou moins connues, présentées et dont j’ai adoré faire la rencontre pour certains et retrouver pour d’autres. Tout comme j’ai été sensible aux nombreuses relations et autres liens dessinés tout au long de l’intrigue et en particulier ceux de Pénélope et son fils. Sans être parvenu à m’attacher à cette dernière, je lui reconnais un tempérament fort respectable et j’aurais voulu ressentir davantage d’empathies envers cette fine stratège. Ainsi, Claire North s’inspire de ce que l’on connaît de cette période pour donner vie et voix aux héroïnes de l’ombre même si, pour autant, je ne suis pas certain de continuer l’aventure et ce, malgré une finalité à la hauteur de mes espérances.

Finalement et bien que convaincant et éloquent dans son fond, la forme de ce premier volet n’est guerre parvenu à me convaincre. La faute à une narration bien trop familière et froide qui ne m’a apporté que distance et effacement. Cela me frustre davantage tant la période revisitée par l’auteure se veut fouillée et riche. Tout comme les portraits esquissés avec réussite par cette dernière qui ne sont parvenus à sauver la donne.

38 commentaires sur “Le Chant des Déesses, tome 1 : Pénélope, Reine d’Ithaque de Claire North

  1. j’ai craqué sur ce livre en librairie, mais à voir ton retour qui en rejoint d’autres, je commence à le regretter… j’espère tout de même que ma lecture ne sera pas trop laborieuse.

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  2. La narration est un choix essentiel pour tout romancier, dommage que Claire North n’ait pas su déceler cette distance qu’elle imposait à ses lecteurs. Je reste curieuse de me faire mon propre avis mais je me lancerai dans l’aventure avec circonspection. Merci pour cet avis détaillé !

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  3. J’aimerai beaucoup le découvrir, mais c’est le deuxième avis que je vois dans ton sens… Ça ne me rassure pas trop, surtout après avoir été passée totalement à côté de Nous, filles de Sparte.

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    1. Je viens de lire ta chronique et si déjà tu as trouvé assez longs certains passages de Nous, Filles de Sparte, je crains le pire pour celui-ci. Le tout écrit d’une plume bien trop familière pour concorder un minium à la période historique visitée selon moi.

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      1. En effet… J’ai du mal aussi avec les plumes familières sur de tels sujets comme les réécritures de la mythologie grecque. Je trouve que ça fait un décalage trop énorme entre le historique et l’actuel qui sonne faux.

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  4. Oh c’est dommage si la plume ne permet pas une pleine appréciation de l’œuvre ! Je reste toujours à l’affut de roman traitant de la mythologie… mais si la plume ne suit pas je pense malheureusement passer mon tour.

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    1. Dommageable et plus que frustrant tant cette œuvre aurait pu être bien plus profonde sans cette distance permanente dans la plume de l’auteure. Je ne peux que te recommander d’autres lectures dans le genre comme Nous, Filles de Sparte par exemple 😉

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  5. Coucou Steven,
    J’ai sauté sur ta chronique! Je suis déçuuue je m’attendais à un livre de folie! J’aime tellement les histoires ancrées dans la mythologie, c’est tellement dommage.
    Ecoute…je vais garder mes petits sous pour autre chose!

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    1. Je suis désolé mais si je peux te permettre d’éviter une déception, je suis ravi.
      Concernant la période esquissée et si ce n’est déjà fait, tu as d’autres séries qui t’attendre comme Nous, Fille de Sparte par exemple.

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  6. Je retrouve parfaitement la tonalité de nos échanges dans ton avis concis mais complet (j’aimerais arriver à faire aussi court ><). Il faut qu'en ayant commencé avec Madeline Miller, il est dur pour nous de trouver des auteurs à la hauteur et ce malgré toutes les bonnes intentions du monde, comme ici avec ces portraits de femmes forts et subtils.
    Il me restera à découvrir celui sur Sparte pour ma part. J'attends une sortie poche avec impatience, sinon craquage il y a aura à force 😀

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    1. Il faut dire que nos échanges passionnants ont plus qu’aider à appuyer mes propos, malheureusement.
      En réalité et malgré mon coup de cœur pour Le Chant d’Achille, heureusement que j’ai trouvé d’autres récits antiques à la hauteur de mes espérances et j’ai hâte que tu découvres la plume de Claire Heywood.

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  7. Dommage que ça n’ait pas fonctionné, c’était pourtant prometteur…
    J’ai failli me laisser tenter à cause de la jolie édition, je ne regrette pas d’avoir attendu ton avis avant de me décider 😉

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  8. Tu as parfaitement su retranscrire ce décalage frustrant entre le fond et la forme, le ton familier du récit inadapté pour nous narrer un récit mythologique. Heureusement que, comme tu le soulignes, l’autrice a su nous proposer des portraits variés, sur lesquels nous raccrocher !
    Sauf si on fait une autre LC, je ne pense pas lire la suite car sans nos échanges à tous les 4, j’aurais probablement abandonné assez rapidement.

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    1. Je te rassure, sans vous j’avoue que je n’aurais pas perdu de temps également et que j’aurais vite mis en pause ce roman.

      Pour autant tout n’est pas à jeter mais aurait fortement gagner à être travailler et rédiger d’autres façons que celle opérées l’auteure.

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