Note : ★★★★☆ — « Bien que déjà maintes et maintes fois revisité, j’ai apprécié redécouvrir ces célèbres procès grâce à la délicieuse plume d’Elizabeth Gaskell qui, sans être aussi finement aiguisée que lors de ses célèbres œuvres, se dévoile plaisante et agréable à parcourir. Avec facilité et en rythme, l’auteure dévoile le touchant portrait d’une jeune innocente au sein d’une société révoltante, à laquelle cette dernière n’appartient malheureusement pas. »
Résumé :
Longtemps éclipsée par les Brontë et Jane Austen, Elizabeth Gaskell a été redécouverte et rééditée depuis quelques années en Angleterre, sans doute grâce à la sûreté et à l’originalité de son talent — Dickens la surnommait sa “chère Schéhérazade” —. Elle écrivit tardivement, publia dans des revues, comme le Blackwood’s magazine, et connut très vite le succès dès son premier roman “Mary Barton” paru anonymement.
“La sorcière de Salem” (Loïs, the witch) est la description de la paranoïa implacable d’une petite ville. Nous sommes en 1691 et Loïs Barclay arrive à Salem pour rejoindre un oncle — elle vient de perdre sa mère et son père et a donc quitté son Angleterre natale. Elle se retrouve seule et isolée dans cette Nouvelle-Angleterre où va avoir lieu l’un des épisodes les plus tragiques de la toute jeune Amérique, celui des Sorcières de Salem, qui marquera pour longtemps la conscience collective.
En s’appuyant sur des faits historiques, comptes rendus des procès et suites de l’affaire, Elizabeth Gaskell parvient à rendre magistralement la montée du péril, l’atmosphère de délation et de haine, la folie collective qui vont broyer à jamais des êtres de chair et de sang.
Il est permis de penser que le destin de Loïs Barclay nous touche d’autant plus qu’Elizabeth Gaskell a mis beaucoup d’elle-même dans ce personnage d’orpheline perdue dans un milieu hostile. Son sens de la justice et de la responsabilité va de pair avec sa faculté de communiquer l’émotion face à l’innocence bafouée et à la folie des hommes.
Chronique :
Elizabeth Gaskell n’est plus à présenter et alors que j’ai déjà réalisé la lecture des plus importantes œuvres de sa bibliographie, je me revois étonné de découvrir un ouvrage dédié au tristement célèbre procès de sorcières s’étant déroulé à Salem. Appréciant fortement sa plume satinée ainsi que son aiguisé style, c’est avec plaisir que je me suis lancé dans cette courte nouvelle.
Étonnement et bien que appréciant assez peu ce format pour sa densité, je dois bien admettre que la romancière est parvenue à m’immerger avec aisance et rapidité dans sa revisite de ce fait historique que je commence à fortement bien connaître. Malgré cette familiarité, c’est avec plaisir que je me suis laissé imprégner par l’ambiance instaurée avec rigueur et réussite par Elizabeth Gaskell et davantage encore par son style dramatique à souhait. Pour autant, il faut bien admettre que ce court écrit n’a pas l’envergure ni la carrure de ses autres parutions telles que Nord et Sud par exemple même s’il reste une belle porte d’entrée dans le travail de cette dernière du fait de son extrême facilité d’écriture. Sans se dévoiler sans charme ni intérêt, j’admets bien volontiers que son style m’a semblé bien moins singulier qu’à l’accoutumée et assez ordinaire cette fois-ci.
Pour autant, je n’ai nullement boudé mon plaisir et c’est avec entrain que j’ai visité une nouvelle fois la ville de Salem en compagnie de Loïs, jeune héroïne des plus touchante à découvrir. L’auteure apporte toujours autant de soin dans la construction de ses protagonistes et quand bien même un manque de profondeur imputé au format opté par cette dernière, j’ai adoré les grandes lignes esquissés autour des trois grandes parties que comporte ce roman. Malgré une funeste et fatale issue, c’est baigné d’empathie et de compassion que j’ai suivi la déchéance de cette jeune orpheline, victime d’un obscurantisme toujours aussi affreux que révoltant. L’auteure parvient à dépeindre toute la noirceur et la violence de cette sombre période avec rythme et pourtant nuances. Dès les premières pages, une douce mélancolie berce ce récit qui, au fil des évènements, tend à évoluer dans une extrême paranoïa, mêlée d’une abject perfidie. A l’aide de personnages connus de ces procès tels que le pasteur puritain Cotton Mather ou de simples protagonistes de fiction, Elizabeth Gaskell met en lumière avec brio les excès des persécutions et d’oppression subit par une population en marge du système imposé par l’église et son courant religieux.
C’est pourquoi et bien que déjà maintes et maintes fois revisité, j’ai apprécié redécouvrir ces célèbres procès grâce à la délicieuse plume d’Elizabeth Gaskell qui, sans être aussi finement aiguisée que lors de ses célèbres œuvres, se dévoile plaisante et agréable à parcourir. Avec facilité et tout en rythme, l’auteure dévoile le touchant portrait d’une jeune innocente, coupable seulement d’isolement et victime de son arrivée au sein d’une société révoltante, à laquelle cette dernière n’appartient malheureusement pas.
J’ignorais qu’elle avait écrit sur le sujet ! Tu me rappelles qu’il faudrait que je lise d’autres de ses romans, je n’ai lu que Nord et Sud que j’adore. Lesquels me conseilles-tu ?
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Si tu adores Nord et Sud, je suis certain que tu apprécieras Les amoureux de Sylvia ainsi que Ruth qui, bien que moins pointilleux, m’ont fortement charmé et convaincu 😉
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Merci pour les conseils ! 🙂
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Tout le plaisir est pour moi 😉
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C’est un thème qui me tente beaucoup, et ce livre ci semble idéal pour le sujet. Mais je commencerais certainement avec « Les Sorcières de Salem » de Arthur Miller ainsi que « Un bûcher sous la neige » de Susan Fletcher qui me font terriblement envie. En tout cas, le jour où je me lancerais enfin dans les lectures sur les sorcières, je sais où piocher de bonnes idées avec toutes tes recommandations. ☺️
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Alors tu as cité deux merveilleuses œuvres aussi différentes et éloignées l’une que l’autre et je dois bien admettre que l’œuvre d’Arthur Miller est celle qui se rapproche le plus de celle de Gaskell mais sous forme théâtral 😉
Hâte de voir tes retours sur ces futures envies !
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Deux visions bien différentes c’est vrai, mais terriblement tentantes. 😇 Ayant déjà lu la plume de Arthur Miller avec « Ils étaient tous mes fils », j’espère apprécié autant cette nouvelle découverte.
Merci beaucoup Steven ! 😊
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Tu es vraiment devenu un inconditionnel du sujet ! Moi qui ne suis pas forcément toujours tentée par ce thème, tu me donnes envie de lire pas mal de livres à ce propos.
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Après si ça peut te rassurer et t’aider à te positionner, nous sommes bien loin de tout le sensationnel dédié à cette époque qui lui est bien loin de la réalité 😉
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Il est dans ma liste des mes envies, comme pas mal de livres de cette autrice qu’il faut que je découvre 🙂
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Elizabeth Gaskell est une auteure classique particulièrement savoureuse à lire et ce roman ne fait pas exception 😉
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Oh un livre d’Elizabeth Gaskell ! Tu me fais penser qu’il faudrait que j’en lise plus. J’en ai tellement dans ma wish list. Allez, j’ajoute celui-ci grâce à toi !
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Elizabeth Gaskell est une auteure que j’apprécie fortement et ce récit, bien que pas aussi raffiné que d’autres, m’a fait bonne impression. J’espère qu’il en sera de même te concernant 🙂
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J’ai lu ce livre il y a plusieurs années, il m’a plus marquée que je ne l’aurais cru sur le moment…
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Comme quoi certaines œuvres laissent de plus vifs souvenirs 😉
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Je me suis plutôt ennuyée à cette lecture…
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Ah, dommage. De mon côté, je l’ai assez appréciée et puis cette lecture m’a permis de retrouver Elizabeth Gaskell.
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Cela fait longtemps que je ne rien lu sur cette sombre et révoltante période alors je note le titre d’autant que malgré sa taille, il semble susciter une certaine empathie pour cette innocente sacrifiée comme beaucoup d’autres…
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Tu me vois ravi d’un tel enthousiasme car sans être le plus savoureux de ses romans, la romancière offre une belle et saisissante entrée en la matière.
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Je ne savais pas qu’Elizabeth Gaskell avait écrit sur le sujet; ça m’intéresse, je note !
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Je ne savais jusqu’à tomber sur cette œuvre que je suis ravi d’avoir découvert !
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