Classique

Shirley de Charlotte Brontë

Note : ★★★☆☆ — « Je ressors frustré et assez triste de ne pas avoir retrouvé toute l’admiration que je peux avoir pour Jane Eyre ni ressenti les vives émotions lors de ma précédente lecture de Le Professeur. C’est pourquoi, je suis assez mitigé face à ce roman aux idées et aux sujets pourtant pertinents mais malheureusement effacés sous de nombreuses longueurs cassant mon entrain ainsi que toute l’acerbité qu’aurait pu détenir cette œuvre. »


« Si vous pensez, lecteur, après ce prélude, que je vous prépare un roman, jamais vous ne fûtes dans une plus complète erreur. »

Résumé :
1812. Du fait des guerres napoléoniennes, la province du Yorkshire subit la première dépression industrielle de l’Histoire. Les temps sont durs, aussi bien pour les patrons que pour les ouvriers qui, menacés par l’apparition des machines-outils, fomentent une révolte.
Robert Moore est l’un de ces industriels dont les filatures tournent à vide. La timide Caroline, sa cousine, est éprise de lui. Mais Robert est trop préoccupé par les émeutes et les ennuis financiers pour songer à un mariage si peu lucratif. Il songe plutôt à Shirley Keeldar, une jeune héritière qui vient de s’installer en ville. Vive et entreprenante, le « capitaine Keeldar » – comme elle se laisse appeler – déborde d’idées pour investir son argent, souhaitant venir en aide aussi bien à Robert qu’aux ouvriers les plus pauvres.
Convaincue qu’un mariage se prépare, Caroline en tombe malade de dépit. Elle ne comprend pas que son amie repousse les beaux partis, traite ses domestiques en familiers et ait si peu d’égards pour son ancien précepteur, le frère de Robert. Lequel envisage de fermer son usine pour refaire sa vie au Canada. La balle d’un ouvrier révolté mettra fin à ce projet…

Chronique :
Shirley était le dernier roman de l’auteure qu’il me restait à découvrir et je fus plus que joie de découvrir sa parution dans la collection Romans Éternels. Ainsi, je me suis empressé de me jeter corps et âme dans son second chef-d’œuvre semble-t-il. Malheureusement , même si ça me rend triste de l’admettre et à l’image de Villette, je n’ai que trop peu apprécié ma lecture.

Pourtant, les premiers chapitres et surtout le préambule m’avaient fortement bonne impression et m’avaient interpellés, surpris et totalement convaincu de par leur fond ainsi que leurs tonalités emplis de mystères et de mélancolie. C’est pourquoi, je m’attendais à une lecture poignante et saisissante et à vivre énormément d’émotions alors que je me suis – finalement – profondément ennuyé. La faute à de trop nombreuses longueurs qui sont venues casser mon entrain et tout l’intérêt que j’avais pour cette lecture et par une arrivée bien trop tardive de notre héroïne Shirley qui, finalement, ne se dessine, ni se devine comme telle. Cette dernière bien que vive, forte et indépendante ne tient que peu trop son rôle et seule Caroline son amie que tout oppose parvient à se démarquer et à s’émanciper de toute cette intrigue. Ainsi, j’ai comme l’impression de m’être quelque peu fait avoir et même si j’ai adoré ce second personnage pour sa douceur et sa légèreté ainsi que sa candeur, j’aurais préféré que l’indépendance et la volonté de fer de Shirley m’interpellent bien plus que je l’ai été. Pourtant, cette dernière détient toutes les qualités d’une héroïne féminine de son époque mais n’est pas parvenue à me toucher un seul instant, ce qui ne m’a pas aidé à m’attacher à celle-ci. Ainsi et par conséquent, je suis resté bien trop passif et j’ai eu énormément de difficultés à m’immerger et à me sentir inspirer par ce roman et ses intrigues mêlant pourtant habilement romantisme et satire.

Il est indéniable que Charlotte Brontë fait force de proposition à travers sa critique de l’évolution sociétale apportée par les nouvelles industries. Cependant et malgré la dureté du sujet et de ses nouvelles différences entre les populations, je n’ai pas été touché par le traitement réservé au petit peuple et aux ouvriers. D’autant plus que je n’ai cessé d’avoir en mémoire le magnifique chef d’œuvre d’Elizabeth Gaskell, Nord et Sud dont cette dernière s’inspire et traite du même sujet avec bien plus d’éloquence et de finesse et dont le cadre spatio-temporel m’avait fasciné lors de ma lecture. C’est pourquoi seules les parties traitant des amours de nos jeunes demoiselles m’ont réellement plu et fortement convaincu. Il faut dire que, comme ses sœurs, l’auteure excelle dans le romantisme et sa plume ainsi que son style se dévoilent toujours aussi saisissants et attendrissants. Sans pour autant être totalement émouvant, j’admets bien volontiers que certaines scènes m’ont fait vivre et ressentir de doux sentiments et de fortes émotions et bien qu’assez sombre, Shirley nous laisse sur une note emplie d’amour et de tendresse malgré une prévisibilité bien établie.

Ainsi et après lecture faite, je ressors frustré et assez triste de ne pas avoir retrouvé toute l’admiration que je peux avoir pour Jane Eyre ni ressenti les vives émotions lors de ma précédente lecture de Le Professeur. C’est pourquoi, je suis assez mitigé face à ce roman aux idées et aux sujets pourtant pertinents mais malheureusement effacés sous de nombreuses longueurs cassant mon entrain ainsi que toute l’acerbité qu’aurait pu détenir cette œuvre.

14 commentaires sur “Shirley de Charlotte Brontë

    1. D’autant plus que j’adore Jane Eyre et que j’ai préféré Nord & Sud de son amie Gaskell alors que les deux romans traitent du même sujet. Peu importe, je le garde au chaud dans ma bibliothèque pour une prochaine fois.

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  1. Longueur et difficulté à s’attacher à une héroïne qui ne semble pas arriver à tenir son rôle de premier plan, je comprends que ton avis ne soit pas super enthousiaste. Heureusement que l’aspect sentimental a su au moins générer en toi quelques émotions…

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    1. Je ne comprends d’ailleurs toujours pas l’intérêt d’avoir dénommé ce roman ainsi tellement Shirley est très vite relégué au second plans. Caroline aurait été un bien meilleur titre car elle porte le récit à elle seule.
      Il faut dire que les sœurs Brontë savent traiter de l’amour et du romantisme comme personne.

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      1. C’est vrai que le choix semble discutable, mais comme les auteur(es) n’avaient pas et non pas toujours un droit de regard sur le titre de leur roman…
        Effectivement !

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  2. C’est dommage mais c’est peut-être pour ça que le titre est moins connu que les autres des soeurs…
    PS: je vois la couverture des Liaisons dangereuses et non de Shirley ^^!

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    1. Bien que méconnu du grand public, il en reste pas moins qualifié de chef d’œuvre par beaucoup alors qu’il est très loin d’égaler Jane Eyre, son véritable succès.

      Je note l’information et vais corriger ça de suite 😂
      Merci à toi.

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      1. Je viens de le terminer et c’est aussi un petit flop chez moi…
        J’ai aimé le cadre historique. J’ai aimé le jeu à retrouver Anne et Emily en Caroline et Shirley.
        J’ai trouvé que la plume était belle et avait de sacrées fulgurances.
        Mais il ne se passe rien ou presque, et je n’ai pas aimé la tournure prise dans le dernier tiers, notamment la romance qui m’a ennuyée ^^!

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      2. Comme quoi l’avis des autres ne fait pas toujours le notre.
        Comme toi, j’ai apprécié le cadre mais pour le reste l’histoire se veut bien trop peu mémorable en comparaison de Jane Eyre.
        Cela dit et comme moi, tu as l’honneur d’effectuer un tour complet des œuvres de Charlotte.

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